La Bellone

RÉSIDENCE / ÉCRITURE

Cochemar

1 > 27/06/2020

L’artiste, l’écrivain·e, la/le critique, la/le chercheur·e, la/le dramaturge vient à La Bellone pendant 4 semaines se concentrer sur un projet d’écriture lié aux arts scéniques. Ce projet peut être littéraire, théorique, critique et évidemment à destination du plateau.

En 2018, Consolate Sipérius devient artiste associée à La Bellone suite à une carte blanche proposée dans le cadre du focus « I AM WORRIED ». Dans celui-ci, elle nous propose un voyage sonore à travers lequel elle nous partage son histoire. Suite à cela, La Bellone l’invite aux 4 résidences existantes lui permettant de développer son projet. 

C’est un travail identitaire basé sur son vécu de femme burundaise adoptée en Belgique suite au massacre de sa famille et qui, à travers l’art, tente de trouver les bouts de puzzles qui constituent son identité. Son travail se base sur ses traumatismes et ses peurs liés à cette période.

Elle clôturera son partenariat  avec la résidence / écriture en juin 2020. L’occasion de rassembler toutes les écritures et à découvrir sa voie/x artistique.

À  la fin de cette dernière résidence, ce sera le début d’un long travail qui liera à la fois sa recherche intime et l’objet artistique en devenir.

C‘est un travail au long-court qui respecte l’écoute, le rythme, le trajet intérieur pour ensuite être partagé. C’est un travail qui remue, qui bouleverse, qui déstabilise. 

Qui a besoin de temps pour une pertinence artistique.

Comment partir du « Je » pour parler en « Nous » ? 

« Je ne vous donnerai pas ce que vous attendez de moi, mais nous allons tou·te·s regarder dans la même direction et s'efforcer de conscientiser ensemble ».  

Les traumatismes et les peurs sont universels. Je propose d’aller en profondeur dans mes questionnements pour ensuite permettre au spectateur de se plonger dans un voyage qui l’invitera à faire son propre trajet.

C’est important d’en faire une matière artistique car c’est un devoir de m'emparer de la scène et de la parole pour celles et ceux qui n’auraient pas la place de le faire. C’est plus qu’un travail artistique, c’est une nécessité. 

J’ai été adoptée à Mouscron suite au massacre de ma famille au Burundi en 1993. Ayant vécu 7 ans au Burundi, il me reste des souvenirs, des peurs traumatisants qui demandent qu’à sortir pour accepter l’être que je suis. Pour regarder en face une vérité pour avancer et ne plus avoir peur. C’est un travail de réconciliation avec l’Histoire. Pour moi. Pour un peuple. Pour un pays. Très tôt, j’ai su que ce serait à travers l’art que je pourrai enfin faire mon deuil. 

Avant tout c’est une nécessité à faire lumière sur un passé pour le comprendre, l’accepter pour avancer. 

Le temps est précieux. 

Pour se réapproprier une histoire, un trajet, une parole. 

Pour conscientiser et partager. 

Pour respirer. 

Pour en faire un objet artistique. 

Pour en faire une parole commune.

Pour rendre une histoire intime universelle.

Ma vie a été construite sur une base trouée. Le but de cette quête identitaire est d’amasser les bouts de puzzles des 7 premières années de ma vie pour être au plus près de mon identité. De ma vérité.

Un besoin de raconter, de partager un témoignage pour en faire un discours commun. 

Je suis trouée, fragmentée, éparpillée. C’est pourquoi je raconterai mon histoire, à travers plusieurs formes artistiques. 

La mémoire est le centre de mon travail. Je pars de mes souvenirs liés aux sens. 

Je travaillerai avec différent·e·s artistes pour développer et questionner chaque image, chaque son, chaque lumière, chaque sensation, chaque peur qui s'emparent de moi depuis 23 ans.

Je développerai chaque écriture indépendamment sous différentes formes artistiques mais qui pourront également se lire dans un ensemble. 

Les différentes écritures :

-mes écrits (textuels, sonores)

-un film documentaire qui retrace mon parcours - avec Gaspard Audouin

-la mémoire du corps - avec Sophie Guisset

-les sons - avec Gabriel Govea Ramos 

-l’espace - avec Clément Losson 

-les lumières qui m’habitent - avec Octavie Piéron

Développer une écriture indépendamment est une manière de ne pas fuir face à mes peurs et de me permettre d’aller au bout de mon enquête intérieure.

L’ambition est de collaborer avec chaque lieu artistique selon l’écriture abordée.

« ma » « vérité » fera lumière sur
« notre 
» « vérité » .

Consolate Sipérius est diplômée en 2012 d’Arts2 (Conservatoire Royal de Mons), dans la classe de Frédéric Dussenne. Durant son cursus professionnel, elle a travaillé avec différents metteur·e·s en scène (Anne Thuot, Céline Delbecq, Frederic Dussenne, Christophe sermet,…). Prochainement, elle jouera dans le spectacle de Lorette Moreau et Axel Cornil On va bâtir une île et élever des palmiers au Théâtre de la vie, en mars 2020 et dans Patricia de Geneviève Damas, adaptée et mis en scène par Frédéric Dussenne en septembre 2020. 

Depuis quatre ans, elle travaille à la Schaubühne (Berlin) dans le spectacle documentaire Compassion ou l’histoire de la mitraillette par Milo Rau qui ne finit pas de découvrir le monde.