La Bellone

RÉSIDENCE / PRATIQUE DRAMATURGIQUE

Une dramaturgie d'apprentissage

31/01 > 19/02/2022

Les dramaturges sont des éternels débutant·e·s. Et comme chaque début re-déplace tous les murs et tous les étages, il n'est jamais possible de dire, avant, ce que sera la pratique dramaturgique.

Je souhaiterais profiter de ces quatre semaines de résidence non pas pour « préciser » ce que serait, pour moi, la dramaturgie, mais pour à l'inverse explorer ce que peut vouloir dire de pratiquer ce flou, cette ouverture, cette imprécision, en prenant au sérieux le mot de « débutant ».

Mon intuition est que pour que la dramaturgie ne cesse pas d'être au travail d'elle-même, une bonne façon de l'aborder serait de la considérer, plus encore peut-être que comme recherche (la chercheuse sait toujours plus ou moins ce qu'elle cherche, même si finalement ce qu'elle trouve la surprend), comme un apprentissage de débutant·e·s. Non pas au sens où « dramaturge » serait la personne qui permettrait aux autres créateur·ice·s d'apprendre « ce qu'iels font vraiment quand iels font », « ce qu'iels disent vraiment quand iels parlent » — encore moins ce qu'elles devraient faire ou dire. Mais celle qui veillerait sur les conditions pour que ce qui est au travail dans une création artistique collective (« l'œuvre à faire ») soit le lieu d'apprentissages en commun.

Peut-être qu'un point de rencontre possible entre recherche philosophique et pratique dramaturgique se situerait à l'endroit d'une attention pour ce qui, dans les vides laissés par la parole ou par les signes (graphiques, sonores, scéniques), cherche à être dit, pensé ou montré — comme dans l'intimité d'un dialogue entre des amies très proches. « Une écoute de ce qui reste encore silencieux », voilà peut-être comment je pourrais nommer, en peu de mots, ce que je vois comme mon « travail ».

Après une expérience d'une petite dizaine d'années comme responsable de production dans des projets théâtraux très variés en Belgique francophone, Arnaud Timmermans a entamé en 2017 une thèse en philosophie sur les relations étroites qui peuvent exister entre théâtralité, représentation et pouvoir. Depuis 2021, il mène essentiellement une activité de dramaturge indépendant, auprès de différents créateur.ice·s de danse et de théâtre. Il fait depuis peu partie des dramaturges associé·e·s à La Bellone pour l'accompagnement des résidences artistiques qui s'y déroulent, et participe au projet de critique expérimentale La Salve.