La Bellone

RÉSIDENCE / RECHERCHE

On a fini par s'éteindre (titre provisoire)

21/11 > 9/12/2022
Visuel © Yasmine Yahiatene

"M : Pourquoi tu bois autant?

B : Parce que les clopes ne me tuent pas assez vite."

Sarah Kane-Manque

 

Dans La Fracture, je parle du tabou de l’alcool, du tabou de la guerre, du tabou du traumatisme. 

Le tabou.

Le silence.

La honte.

Trois mots, trois mots qui hantent mes journées.

Trois mots qui font couler autant d'encre que la guerre d'Algérie a fait couler de sang.

Dans La Fracture, ils sont le dénominateur commun entre la guerre d'Algérie et l'alcoolisme.

Pour continuer ma recherche, je souhaiterais creuser les trois mots, non pas comme dénominateurs communs, mais comme point de départ de recherche.

Pour cette résidence je voudrais partir du tabou, le tabou de la mort, réfléchir à l'injonction de vie en dépit de toute absurdité de ce que représente la vie. Le suicide comme échappatoire à la vie forcée mais aussi comme fin de vie décidée de pleine conscience.

Cette première phase de recherche s'inscrit dans un cycle de continuité de ce que j'ai entamé avec La Fracture.

Le point de départ sera donc le tabou.

Jusqu'où le tabou peut-il mener? Pourquoi les sujets les plus universels sont-ils tabou?  

 

Le tabou me fait peur. J'écris des histoires pour ne plus avoir peur.

 

 

Yasmine Yahiatene est une artiste pluridisciplinaire. Elle se forme à la vidéo et à la performance à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai, à l’Université des Beaux-Arts de Valence en Espagne ainsi qu’aux Rencontres Audiovisuelles de Lille.

En 2016, son installation de vidéo mapping Ma mère, aussi est exposée à Lille, en Suisse et en Bretagne. Son vidéo mapping sur la gare Lille Flandres, J’avais 10 ans (création collective) remporte le deuxième prix du Concours International de Vidéo Mapping de Lille. En 2019, elle crée le Collectif Oxo avec lequel elle porte le projet OXO Beat Gender, une installation vidéo interactive mettant en avant cinq portraits de femmes oubliées de l’histoire. OXO Beat Gender sera exposé à la Galerie Never Apart pour l’exposition Micro-Mapping 2019 à Montréal ainsi que pour l’exposition Matilda au BRASS en 2022 à Bruxelles.

En parallèle, Yasmine tourne en 2017 dans le film Plein la vue de Philippe Lion et commence sa collaboration avec la Compagnie ZA! comme interprète et vidéaste dans le spectacle A ta place, créé au Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes 2021. Elle tourne avec ce spectacle en France jusqu'en 2023.

En 2020, elle se lance dans la réalisation de sa première création de spectacle vivant et entame l’écriture de La fracture, spectacle dans lequel elle s’expose, interprète son histoire seule au plateau et utilise la vidéo comme partenaire de jeu. Avec La fracture, elle décrypte une relation intime et complexe, celle avec son père. En cherchant à renouer le contact avec celui-ci, et ce, à travers de multiples dispositifs, elle revient sur la guerre d’Algérie, l’enfance de son père en Kabylie, son exil, son alcoolisme et sur les points communs entre ces sujets, le silence, le tabou et la honte et entame un travail de réparation et de résilience.

Le projet est présenté en 2022 à l’Atelier 210 à Bruxelles durant 10 jours, au Festival Actoral de Marseille ainsi qu’au Festival Fast-forward à Dresden en Allemagne où il remporte le prix du jury jeune de la meilleure performance.

En 2023, La fracture sera entre autres présenté à Anvers, au Festival Emulation à Liège, au festival Jurányi Art Incubator House à Budapest, au festival Tweetakt à Utrecht ainsi qu’au Belluard Festival à Fribourg.

En septembre 2022, elle joue aux Riches claires dans le spectacle Et ta soeur mis en scène par Lou Joubert pour le festival F.A.M.E (festival féministe bruxellois), dans le cadre du projet Manx Cat qui sera présenté en 2023 au Théatre de Liège, de Mons ainsi qu’à la Maison Poème à Bruxelles.

Pour continuer dans sa recherche de “l’intime est politique”, elle est invitée par la Bellone, en novembre 2022 à une résidence de recherche sur un futur projet, On a fini par s’éteindre (titre provisoire) qui continue ses recherches identitaires liées à ses racines mais cette fois par le prisme des figures féminines de sa famille, notamment sa mère et le rapport tabou au suicide.