La Bellone

ONE TO ONE

Gwendoline Robin & Rosalia Martinez

9/03/2017
17:00 > 19:00


Ce sont des rencontres qui proposent un temps d’échanges au cours des résidences / recherche. L’artiste conduira deux interviews au cours de sa résidence. Elle ou il mènera ses interviews avec une personne qui possède un savoir dont elle ou il a besoin pour développer son questionnement et progresser dans sa réflexion liée soit à un projet en cours soit à son parcours artistique plus globalement. Il pourra s’agir tant d’un·e intellectuel·le que d’un·e artisan·e, d’un·e religieux·se que d’un·e scientifique. Il n’y a pas d’hiérarchie de valeur entre les savoirs et pratiques ; tout savoir peut contribuer au développement d’une recherche, d’une réflexion artistique. Le public est ainsi convié à témoigner de la curiosité d’un·e artiste et d’entrer par ce biais dans sa recherche.

Pour ce deuxième One to One, Gwendoline Robin a choisi de rencontrer Rosalia Martinez.

Après avoir abordé dans les performances précédentes les éléments du feu et de la terre, Gwendoline Robin souhaite, pour sa prochaine création AGUA, intégrer l’élément de l’air à travers l’usage de la voix. La voix comme une puissance sonore qui scande, mesure, rythme et dessine un territoire. Elle a été très inspirée par Le chant des pistes de Bruce Chatwin. C’est en chantant le nom de toutes choses (animaux, plantes, rochers, lieux) que des êtres légendaires ont fait venir le monde à l’existence. C’était le Temps du Rêve. Aussi, les Indiens natifs de Patagonie étaient fortement liés à l’eau, vivaient beaucoup sur l’eau, ils possédaient des barques sur lesquelles des feux étaient continuellement alimentés, ils chantaient les sons de l’eau. La musique de l’eau. Aussi, l’exploration du travail sur la voix, matérialisation de notre appartenance au monde et création de territoires hors normes, va être le terrain d’investigation commun entre l’artiste et l’ethno-musicologue le temps de ce One to One.

Rosalía Martínez est spécialiste des musiques du monde andin. Son travail se développe en Bolivie chez des groupes quechua des Départements de Chuquisaca et Potosí où elle a mené des recherches dans des communautés appartenant aux cultures Jalqa, Yampara-Tarabuco, Calcha, T’inkipaya, Ayllus de San Lucas  ainsi qu’au Salar d’Uyuni. Au Chili, elle a étudié les relations entre musique et rituel dans le pèlerinage de La Tirana. Le Ministère de la Culture lui a commandé des missions de formation et prospection en Corse, Martinique et La Réunion. 

Les liens que les groupes andins établissent entre leurs pratiques musicales et d’autres domaines de l’existant sont au centre de ses recherches. Ainsi, sa thèse a porté sur les rapports entre musique, conception et organisation du temps annuel chez les Jalq’a. Différents travaux ont trait à la manière dont, dans cette région du monde, l’univers sonore participe à la production des identités  - de genre, ethniques ou sociales -, d’autres se penchent sur les dimensions sociologique, esthétique et cognitive des liens que les populations indigènes créent entre domaine sonore et domaine visuel. Actuellement, elle explore les rapports entre geste musical et dansé, mémoire et histoire.

Une partie importante de son activité est dédiée à la production de textes et à la création d’archives sonores ou audio-visuelles destinés aux communautés indigènes.

Rosalía Martínez a donné de nombreux séminaires internationaux, a publié divers articles dans des revues spécialisées et trois CD en Bolivie et France (collection CNRS/Musée de l’Homme). Elle a conçu et réalisé les salles de musique du Musée d’art indigène à Sucre et réalisé quelques publications multimédia.