La Bellone

HALF & HALF CLOSER

Flore Herman

24/06/2020
12:30 > 13:30
Visuel © Flore Herman


Lors d’un Half & Half Closer, nous revenons sur les préoccupations qu’un·e artiste a mises au travail à l’occasion de sa résidence à La Bellone. « Half & Half » comme deux fois trente minutes, une rencontre publique en deux temps. Une première demi-heure d’entretien dans l’espace de travail,  conduit et enregistré par l’équipe de la Bellone puis ré-écoutable sur la Compile audio. Une seconde demi-heure au Bellone café du 46 rue de Flandre pour une rencontre informelle avec l’artiste autour d’un half-en-half, closer…

Résidence de Flore Herman

Pendant cette résidence, j’aimerais expliciter une pratique dramaturgique relativement récente et développée au travers des collaborations avec les artistes performeur.euse.s Anne Thuot, Sara Sampelayo, Sarah Vanhee et Akira Takayama. Elle se concentre progressivement sur la question de l’(in)visibilisation de certains corps et de certaines connaissances dans l’espace public bruxellois. J’ai été amenée à y allier la pratique dramaturgique avec un travail de médiation des publics. Plus concrètement, cela signifie soutenir des stratégies de rencontre, de dialogue, de co-écriture avec des personnes aux situations de vie et aux statuts multiples, souvent en relation avec des associations, groupes ou personnes intermédiaires.

La médiation se lie alors pour moi à la dramaturgie dans sa manière de se rendre insaisissable et de s’immiscer dans les interstices de la traduction. Leur réussite à toutes deux est d’accompagner une parole éloignée, censurée ou inaudible pour être entendue dans un autre territoire où elle pourra trouver de nouveaux échos.  « Médiation », c’est aussi elle qui sert de mot magique pour l’obtention de subsides. Qui flirte avec la recherche de consensus et devient facilement le blason de la « démocratisation culturelle » sans échapper -et contribuant même parfois- au tissage visible et invisible des rapports de pouvoirs. Artistique, culturelle, sociale, pénale, familiale, militante, elle est terriblement contextuelle. Je peux la reconnaitre, sans la connaitre, dans quantité de corps et d’actions, professionnel(le)s ou non, qui font circuler les points de vus, les expériences de vie et les savoirs, et contribuent à plus de justice sociale. Ces médiateurs.trices, réelles ou mythologiques, reformulent, explicitent, apaisent, ravivent, soignent. Et surtout écoutent.

J’aimerais alors prendre ce temps à la Bellone pour revenir sur des stratégies dramaturgiques passées, les nourrir des dialogues avec d’anciennes collaborateurs.trices et rassembler des pratiques et des figures dans ce qui pourrait devenir une petite anthologie critique de la participation. Voir comment continuer de travailler avec/au sein de l’asymétrie des mondes, inviter à aller dans des lieux auxquels on n’appartient pas, qu’on ne s’approprie pas, qu’on aime mais qu’on doit quitter, qu’on aime pas mais qu’on peut habiter. Qui ouvrent des portes, physiques, mentales, affectives, parfois minuscules et éphémères, dont c’est un privilège de passer le seuil.

 

Médiatrice, dramaturge, modératrice et traductrice, Flore Herman (1989) s’intéresse aux pratiques artistiques et sociales qui envisagent l’espace public comme un lieu de (re)visibilisation des corps, des connaissances et de leurs histoires.