Castélie Yalombo
Lors d’un Half & Half Closer, nous revenons sur les préoccupations qu’un·e artiste a mises au travail à l’occasion de sa résidence à La Bellone. Il y a un Half & Half Closer organisé au terme de toutes les résidences. « Half & Half » comme deux fois trente minutes, une rencontre publique en deux temps. Une première demi-heure d’entretien dans l’espace de travail, conduit et enregistré par l’équipe de La Bellone puis ré-écoutable sur la Compile audio. Une seconde demi-heure, Closer, au Bellone Café du 46 rue de Flandre pour une rencontre informelle avec l’artiste autour de notre version d’un half-en-half.
La mère se tenait là, en face de l’enfant.
Mais qu’advient-il de la mère lorsque l’enfant disparaît ? Une « mère » subsiste-elle dans le corps, lorsque la gestation d’une vie à naître échoue ?
« Stabat Mater » se voudrait une exploration spéculative de la figure de la mère sans l’enfant. Comment naît la mère dans sa relation à la vie qu’elle accueille ? Et, lorsqu’une gestation est interrompue médicalement, volontairement ou non, subsiste-t-il dans le corps, une spectralité ou virtualité de cette maternité ?
Mené en collaboration avec l’artiste-céramiste Sophie Farza, ce projet veut articuler des témoignages et récits collectés relatifs aux morts périnatales, avortements, interruption de grossesses et deuil de l’enfant. Avec une production d’objets (poupées de verre et de céramique et (toiles ou tissus de peau extensibles) et une recherche performative et gestuelle sur le corps enceint, sa transformation et sa relation à la fragilité du nouveau-né.
Depuis ces objets et ces histoires, nous souhaitons interroger la maternité dans ses intrications intimes et politiques avec nos mythes, nos lois et coutumes. Comment ces structures symboliques astreignent les mères, non-mères et leurs enfants, non-enfants à la soumission et au devoir reproductif. Autant de tentatives de contrôle de l’irréductible du maternel, cet énigmatique extra-infra-terrestre absolument étrange, géniale et si commun : la vie.
Castélie Yalombo Lilonge est une artiste belgo-hispano-congolaise née et résidant à Bruxelles. Elle est diplômée de l’ULB ainsi que d’un Master de l’Institut Supérieur des Arts et Chorégraphies de l’ArBa-EsA en 2020. Sa pratique artistique se situe à l’intersection de différents champs : la chorégraphie, l’écriture poétique et l’installation. Les questions relatives à l’identité, l’altérité et les modes de relations, ainsi que le statut de sujet/objet du corps, opèrent comme les fondements et structures de sa pratique. Elle a collaboré comme performeuse et danseuse avec les artistes Clément Thirion (2016), Fabian Barba (2017), Ingrid Midgard Fiksal (2019), Faustin Linyekula (2019) et Louise Vanneste (2021). Sa participation au travail de Faustin Linyekula a contribué à la sensibiliser aux questions décoloniales, et plus particulièrement aux nécessités d’une réarticulation des récits de nos identités dans le grand maillage des Histoires oubliées, confisquées, cachées et dominantes. Depuis 2018, elle travaille à la création de plusieurs performances, le plus souvent en solo ou en duo. Ferme les yeux en 2018 (repris plus tard sous le nom de nettoyeuses de l’ombre : water et présentée au KVS lors du festival Congolisation en janvier 2020) et Ceci est mon corps livré pour vous en 2019.