Lors d’un Half & Half Closer, nous revenons sur les préoccupations qu’un·e artiste a mises au travail à l’occasion de sa résidence à La Bellone. Il y a un Half & Half Closer organisé au terme de toutes les résidences. « Half & Half » comme deux fois trente minutes, une rencontre publique en deux temps. Une première demi-heure d’entretien dans l’espace de travail, conduit et enregistré par l’équipe de La Bellone puis ré-écoutable sur la Compile audio. Une seconde demi-heure, Closer, au Bellone Café du 46 rue de Flandre pour une rencontre informelle avec l’artiste autour d’un vrai half-en-half.

Vous lirez ma bio plus tard. Elle est déjà là. Je l’ai écrite plus tôt. Je me suis fait longue. On m’en demandait moins. J'ai retranché. Ça a 

                        coupé, je pense–                     oui?                                                                oui                                                      oui, je 

suis–                                                                          encore                                                en                                                            en

                                                                                                                                                                                  POSSESSION                         DÉCOMMANDE             

                                                                                                                                                                                                                                                                                      oui! J'y suis, 

pas seule.                               

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              Je 

déborde. Pas en corps. En avance. Je me représente. Je ne m’excuse pas. C’est déjà fait. J’ai fait, déjà. C’est en demande. 

Je ne referai pas. Je ne dis pas je ne ferai pas. Je ne dis pas, je ferai. Je ne me suis pas. Je ne trouve pas ce que je cherche. 

Je ne chercherai pas. Il ne faut jamais dire jamais. Je dis toujours, toujours. Si ça se trouve, tout est là. Je dirai              seule–

            encore,                                   oui!      J'y suis, là. Vous voyez, on entendra,                                                                                                ça fera                            ma bio.

Marilou Craft est née et vit à Tiohtià:ke/Mooniyaang/Montréal. Elle a obtenu un diplôme en études théâtrales (Université du Québec à Montréal, 2012) entre une incursion en création littéraire (UQAM) et une autre en droit (Université McGill). Depuis, elle œuvre en arts littéraires et vivants, tout en se préoccupant des enjeux de pouvoir qui y marginalisent les personnes queers, racisées et précarisées – dont elle fait partie.

En tant qu’artiste, elle travaille l’indiscipline. Enracinée dans les intersections qu’elle habite et qui l’habitent, elle sonde les zones grises reliant l’intime au politique. Ses créations sont atmosphériques, à la lecture comme à l’écoute, et donnent corps à des dynamiques relationnelles complexes pour mieux en transmettre le vertige.

Certaines de ses courtes formes ont été publiées, notamment dans les revues Mœbius et Liberté, et  aux éditions Triptyque (Troubles, nos ombres, 2023 ; Pauvreté, 2021 ; Corps, 2018), La Mèche (Cartographies II : Couronne Nord, 2017) et Ta Mère (Des nouvelles nouvelles de Ta Mère, 2016). D’autres demeurent inédites, se déployant par la voix seule ou accompagnée de musique improvisée. Marilou a performé ses textes dans des lieux aussi variés que le Centre national des arts du Canada, le Musée de la civilisation de Québec et les théâtres montréalais Espace Libre et ESPACE GO, ainsi que sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première.

Sa démarche incorpore aussi la collaboration. Après s’être impliquée dans la compagnie de création projets hybris avec l’œuvre Youngnesse (2018) et l’atelier participatif Se la jouer (2019), elle a amorcé une démarche performative avec l’autrice Chloé Savoie-Bernard. Leurs premières œuvres en duo, À la racine (2019) et Repousses (2019), interrogeaient attentes et regards par la décentralisation de l’écrit et le déploiement du corps et ses débordements. Elles poursuivent leur exploration de la désobéissance avec le projet DÉCOMMANDER, dont une première étape de travail sera bientôt accueillie en résidence à LA SERRE – arts vivants (Montréal).

Marilou entame aussi la création de POSSESSIONS, une œuvre qui réunit deux partitions, textuelles et musicales, fragmentées mais interdépendantes, dont le fond et la forme se font écho et dont la relation illustre l'impact de violences chroniques sur la construction de soi. POSSESSIONS s’inscrit dans une démarche collaborative avec l’artiste multi-instrumentiste Elyze Venne-Deshaies, amorcée en 2020 avec l’œuvre évolutive Veiller le souffle. Alliant poésie sonore et musique expérimentale, leurs projets sont créés et performés en « comprovisation », une méthode de composition improvisée fondée sur l’écoute. Par la polyphonie de leurs corps et leurs voix, elles cherchent à communiquer l'expérience sensible d'oppressions intersectionnelles à petite et grande échelle.

Elle est également traductrice, conseillère dramaturgique et membre du comité de rédaction de la revue de poésie Estuaire.

Pour en savoir plus sur ses activités et ses œuvres : mariloucraft.com