En collaboration avec l'ERG
Dans l’enfance, au fil de nos apprentissages moteurs, nous découvrons l’espace qui nous entoure. Nous apprenons à nous déplacer, nous éprouvons l’effort nécessaire à parcourir la distance entre deux objets. Nous faisons usage de nos mains pour les déplacer, les superposer, les mettre en relation. Plus tard, dans le développement du langage, nous conceptualisons la distance nous séparant des objets : sont-ils près ou sont-ils loin de nous ? Sommes-nous à l’intérieur d’une maison ou à l’extérieur d’une pièce de cette même maison ? Nous apprenons à représenter ces espaces, sur une feuille de papier, avec des jeux de construction, puis nous en inventons de nouveaux, qui correspondent mieux à nos désirs. Pour Joseph Beuys, c’est le monde entier qui dépend de cette disposition des objets dans l’espace, et c’est la représentation que nous nous en faisons ainsi que nos actions sur la matière qui façonnent le monde. L'espace n'est pas une donnée, mais il est fabriqué par le regard, le point de vue et la mise en relation des objets. Lorsqu’il s’agit de façonner un espace commun, comme le sont les hétérotopies décrites par Michel Foucault, il s’agit de trouver ensemble des règles du jeu, de s’accorder sur des manières d’opérer. J'aimerais amener ces considérations dans un cadre particulier, celui de l'enseignement des arts, en évoquant l'exemple de l'erg, mais également du Fresnoy, du Bauhaus, l'enseignement de Joseph Beuys et celui de Sergueï M. Eisenstein. Car s’y jouent sans cesse des processus de fabrication d’espaces et de contre-espaces, au cours desquels étudiants et enseignants transforment l’espace de l’institution elle-même. Ces phénomènes nous offrent peut-être une piste pour appréhender la transmission des arts comme un véritable processus de création.
Elise Tamisier
Née en 1980, Elise Tamisier est basée à Marseille où elle travaille actuellement comme réalisatrice, photographe et productrice. Ses études de langues appliquées et de gestion culturelle l’ont d’abord conduite à vivre en Angleterre (Liverpool) puis en Espagne (Grenade, Valence).
Son travail s’articule autour d’une réflexion sur la manière dont s’exprime l’individualité dans un environnement social donné. Sa première exposition avait pour thème l’urbanisme et la place de l’individu dans la ville, à partir de photographies prises à Liverpool et à Grenade.
Le développement de ses travaux aboutira naturellement à son premier film SANS SOMMEIL (2010), documentaire expérimental de court-métrage sur la ville de Paris, basé sur une session de prise de vue et de son de 24h non-stop. Dans la foulée, elle réalise AILLEURS COMMENCE ICI (2010), court-métrage qui déplace le dispositif de SANS SOMMEIL dans les environs de Marseille et inclut la participation active des habitants dans la prise de vue. Elle développe actuellement un projet de documentaire sur l'île de Naoshima au Japon (UTOPIE NAOSHIMA).