La Bellone

SÉMINAIRE

Module dramaturgique avec Elise Simonet

29/01 > 2/02/2024
10:00 > 17:00


Objectifs spécifiques des séminaires

Plus qu'à une histoire ou à une théorisation de la dramaturgie, les participant.es sont ici invité.es à saisir, cerner et pratiquer la dramaturgie en s'essayant à la fois à dresser une cartographie des pratiques dramaturgiques et à pouvoir s'y situer. Il s'agit ainsi non pas de définir une pratique qui, en tant que telle, sort du cadre définitionnel puisqu'elle n'a pas de « fins » et de contours fixes et figés – ceux-ci bougent selon les modalités d'activation dramaturgique (au plateau, en institution, dans la conception de dispositifs divers...)  – mais plutôt de proposer une méthode de double singularisation : singulariser ce qui fait, aujourd'hui, le paysage dramaturgique et ainsi voir apparaître, pour chacun.e, ce qui singularise sa propre méthode de faire. À partir de là s'entame un chemin d'étude situé, le long duquel le/la participant.e peut davantage reconnaître la spécificité de sa méthode, de ses outils mais aussi, par-là, expérimenter d'autres manières d'en faire usage ou de les affiner en regard des spécificités des autres.

 

Les séminaires : 4 correspondants à des activations de la dramaturgie aujourd’hui.

 

Orientation partage de savoir et mise en expérimentation. Partir d’une problématique à laquelle le ou la praticienne invité·e fait face et ouvrir cette recherche ou réflexion plutôt que de faire une présentation d’un savoir. Mise au travail et mise en partage plutôt que d’une formation académique.

 

Chaque séminaire, étendu sur une semaine implique :

 

-L'intervention d'un·e praticien·e dramaturge, choisi·e et invité·e en ce qu'il, elle active l'une des modalités spécifiques de cette activité et peut ainsi en dresser les enjeux singuliers auprès des participant·es.

 

-Il s'agit aussi, pour chaque intervenant·e, de pouvoir mettre en partage des outils, des protocoles de recherche et d'écriture ou encore de proposer des situations permettant l'application de ce type-là de dramaturgie.

Chaque module incarne ainsi, à l'échelle concentrée d'une semaine, l'esprit général et transversal du programme « Pratiques dramaturgiques » : une circularité entre exposé et pratiques, entre parole de l'un·e et ressaisie collective, partagée de questionnements et expérimentations. Il s'agit de se mettre, au sein d'un espace de recherche et création artistique, en état « d'étude », c'est-à-dire d'alliance entre « enquête » et « application » (cf. étymologie du mot).

 

Les modules seront donc toujours structurés en au moins deux temps : un temps « à la table » dans lequel le groupe est rassemblé pour se mettre à l'écoute et à la discussion d'une question, d'une problématique ; un temps d'expérimentation qui peut conduire les participant·es à un travail propre d'écriture, à une fréquentation d'une réalisation de plateau ou encore à la visite d'un autre lieu artistique ou un autre contexte selon le type de « dramaturge » qui intervient sur chaque module.

 

Premier module avec Elise Simonet du 29 janvier au 2 février

 

" Conversation is when you don’t know what the next thing the person you are with is going to say " John Cage

 

Il existe autant de manière de pratiquer la dramaturgie que de rencontres et de créations au sein desquelles elle est convoquée. Invitons-la ici comme une pratique de la conversation, et faisons de nos premiers outils nos bouches et nos oreilles. Comment partager une conversation ? Comment en tisser les fils ? Comment accompagner nos intentions artistiques en creusant la parole, en nommant la pensée ? Quelle collaboration se joue dans un partage soutenu de questions, parfois même les plus simples ? Pour collaborer en conversation, il faut converser « en contexte », c'est-à-dire ouvrir la conversation aux éléments parfois moins visibles qui l'entourent et qui la font. Elle engage à prêter attention aux accélérations, aux hésitations, aux répétitions et aux interruptions comme autant de signes de l’élaboration de la pensée et de la fabrique de la langue comme outil d’émancipation. Car à l’inverse de l’écriture qui rature et supprime, en oralisant, je précise et j'ajoute, sans effacer. C'est cette force croissante et accumulative qui entraine la conversation. En plaçant la polyphonie - ce plaisir de parler et de penser à plusieurs - au coeur du processus créatif, nous chercherons à augmenter notre capacité critique et notre puissance d’attention. Converser alors, non pas pour clarifier ou élucider, mais bien pour ouvrir d’autres possibles, pour accueillir les problèmes, les contradictions comme des cadeaux, pour générer les questions qui transformeront l’expérience esthétique en fabrique de l’inattendu. Et car nous ne travaillons jamais seul·es mais bien « en relation » et en subjectivités partagées, ce module sera nourri de nos échanges, en groupe et en duo, ainsi que de textes et d’enregistrements des allié·es de pensée qui accompagnent nos recherches et nos interrogations, dans le soin de développer une qualité de parole, d’écoute et de partage, et découvrir ensemble ce que l’on ne sait pas encore.

 

 

Élise Simonet vit à Paris et travaille aux côtés de nombreux·ses artistes dans le domaine du spectacle vivant, comme dramaturge et collaboratrice artistique (Thibaud Croisy, Anne-Sophie Turion et Éric Minh Cuong, Halory Goerger, Emilie Rousset, Dominique Gilliot et Valérie Mréjen, le groupe Aquaserge, Anouck Hilbey, Antoine Cegarra, Maya Boquet, Marie Losier, Simon Feltz). Membre du groupe de l’Encyclopédie de la parole depuis 2013, elle y développe sa recherche sur l’oralité. Elle est la collaboratrice artistique de Joris Lacoste sur le cycle des Suites Chorales et co-signe les versions multiples et internationales de Jukebox (Gennevilliers, Saint-Pétersbourg, Rome, Conakry, Genève, Ouagadougou, Thessalonique). Elle co-programme les éditions 2015 et 2016 du festival TJCC, avec Joris Lacoste, au T2G (Gennevilliers). Depuis 2017 elle mène Converser, un projet de conversations avec des polyglottes, associées à un jeu de cartes dessinées ; elle y questionne les langues, dans leur usage intime et public (Bruxelles, Fribourg, Strasbourg). En tant que dramaturge, elle a été invitée aux Cliniques Dramaturgiques par Jessie Mill au FTA (Montréal), à 1:1 par Sarah Israel au PAF (Berlin), a co-organisé les Cliniques Dramaturgiques du Festival Short Theater (Rome) avec Riccardo Fazi et Jessie Mill. Depuis 2021, elle élargit ses activités à la transmission : elle mène un séminaire de dramaturgie à La Bellone (Bruxelles), et intervient auprès des étudiant·es du Master scénographie de La Cambre (Bruxelles).

 

Sur candidatures