Objectifs spécifiques des séminaires
Plus qu'à une histoire ou à une théorisation de la dramaturgie, les participant.es sont ici invité.es à saisir, cerner et pratiquer la dramaturgie en s'essayant à la fois à dresser une cartographie des pratiques dramaturgiques et à pouvoir s'y situer. Il s'agit ainsi non pas de définir une pratique qui, en tant que telle, sort du cadre définitionnel puisqu'elle n'a pas de « fins » et de contours fixes et figés – ceux-ci bougent selon les modalités d'activation dramaturgique (au plateau, en institution, dans la conception de dispositifs divers...) – mais plutôt de proposer une méthode de double singularisation : singulariser ce qui fait, aujourd'hui, le paysage dramaturgique et ainsi voir apparaître, pour chacun·e, ce qui singularise sa propre méthode de faire. À partir de là s'entame un chemin d'étude situé, le long duquel le/la participant·e peut davantage reconnaître la spécificité de sa méthode, de ses outils mais aussi, par-là, expérimenter d'autres manières d'en faire usage ou de les affiner en regard des spécificités des autres.
Les séminaires : 4 correspondants à des activations différentes de la dramaturgie aujourd’hui.
Orientation : partage de savoir et mise en expérimentation. Partir d’une problématique à laquelle le ou la praticienne invité·e fait face et ouvrir cette recherche ou réflexion plutôt que de faire une présentation d’un savoir. Il s’agit d’une mise au travail et en partage plutôt que d’une formation académique.
Chaque séminaire, étendu sur une semaine, implique :
-L'intervention d'un·e praticien·e dramaturge, choisi·e et invité·e en ce qu'iel active l'une des modalités spécifiques de cette activité et peut ainsi en dresser les enjeux singuliers auprès des participant.es.
-Il s'agit aussi, pour chaque intervenant·e, de pouvoir mettre en partage des outils, des protocoles de recherche et d'écriture ou encore de proposer des situations permettant l'application de ce type-là de dramaturgie.
Chaque module incarne ainsi, à l'échelle concentrée d'une semaine, l'esprit général et transversal du programme « Pratiques dramaturgiques » : une circularité entre exposés et pratiques, entre parole de l'un·e et ressaisie collective, et partages de questionnements et expérimentations. Il s'agit de se mettre, au sein d'un espace de recherche et création artistique, en état « d'étude », c'est-à-dire d'alliance entre
« enquête » et « application » (cf. étymologie du mot).
Les modules seront donc toujours structurés en au moins deux temps : un temps « à la table » dans lequel le groupe est rassemblé pour se mettre à l'écoute et à la discussion d'une question, d'une problématique ; un temps d'expérimentation qui peut conduire les participant.es à un travail propre d'écriture, à une fréquentation d'une réalisation de plateau ou encore à la visite d'un autre lieu artistique ou un autre contexte selon le type de « dramaturge » qui intervient sur chaque module.
Pour qui :
Personne ayant une expérience de dramaturge, débutante ou confirmée.
Troisième séminaire : Lieux polyphoniques avec Vincent Focquet
En co-réalisation avec le CIFAS
En français avec possibilité de questions et d'écriture en anglais et en néerlandais.
En travaillant avec Kunstenplatform PLAN B, une plateforme pour le travail artistique dans les espaces ruraux, j'ai remarqué quelque chose d'intéressant. Travailler la dramaturgie s'est avéré beaucoup plus intéressant et productif pour moi en dehors des murs des institutions que dans les environnements plus classiques comme la black box, où j'ai appris tant le terme que la pratique.
Est-ce la catastrophe écologique qui rend l'écoute de ces espaces plus urgente ? Est-ce l’attirance du réel qui m'a satisfait plus que les fantasmes de la black box? Où est-ce la présence de tous ces autres acteur.ices : champs de maïs, ouvriers agricoles, habitants, tous.tes avec leur propre histoire si absente du silence de la black box ? Dans ce séminaire, je souhaite rechercher collectivement ce qui pourrait être intéressant dans cette dramaturgie au-delà de la boîte noire et à quoi elle pourrait ressembler.
Pour ce faire, ce séminaire se déroulera on the move. En travaillant dans et avec différentes réalités à l'intérieur et aux abords de Bruxelles, nous nous interrogerons : « Comment une dramaturgie peut-elle être dans et d'un lieu ? » Pendant le séminaire, nous créerons collectivement des outils pour écouter ce qu'un espace et chaque entité qui s'y trouve peuvent avoir à dire. Par exemple, quels sont les habitants (non)humains du village devenu ville de Haren ? De quelles manières peut-on parler des interactions des enfants avec les espaces verts à Molenbeek ? Quelle est l’histoire d’une rivière et comment la traduire aux oiseaux ?
Je partagerai quelques questions, cas et méthodologies qui me sont chers dans ce contexte et qui semblent critiques en ces temps (éco)politiques. Avec ce patchwork de cas et de discussions à l'esprit, nous proposerons collectivement des exercices, des partitions et des formats pour réaliser nos dramaturgies polyphoniques de l'espace.
En nous déplaçant, j'espère déplacer les blocages et les stéréotypes autour de la dramaturgie. En dehors de la boîte noire, les notions rouillées de ce qu'est un(e) dramaturg(i)e seront remises en question et de nouvelles possibilités dramaturgiques pourront voir le jour.
Le séminaire lui-même tente d'être polyphonique, d'abord en donnant la priorité à la discussion de groupe et à la collaboration, mais aussi en écoutant les interventions d'autres créateurs, dramaturges, espaces... Partant de l'idée que « tous ceux qui sont ici viennent d'ici », nous essaierons collectivement de faire partie de la dramaturgie d'un lieu, sans en revendiquer la propriété ou la parentalité.
En mettant l'accent sur la spécificité, le jeu et la collectivité, et en partant de nos propres pratiques (d'écriture) en tant que créateur.ices et/ou dramaturges, nous trouverons des moyens de tisser des histoires à partir de l'espace et de ses habitants. Ces tentatives seront rassemblées dans des traces collectives, pour voir si nos dramaturgies parviennent à transporter des espaces ailleurs.
Vincent Focquet a étudié le Theaterwetenschappen à l'Université de Gand. Il est dramaturge, organisateur, performeur et auteur. Il a travaillé comme coordinateur artistique chez Decoratelier et dramaturge dans la compagnie de cirque Side-Show. Aujourd'hui, il travaille avec Sophia Rodriguez, artiste de performance, et il est membre de la plateforme artistique PLAN B et BREAKFASTCLUB par Gouvernement.