Dramaturgie(s) décoloniale(s) avec Castélie Yalombo Lilonge & Antoine Dupuy Larbre
Objectifs spécifiques des séminaires
Plus qu'à une histoire ou à une théorisation de la dramaturgie, les participant.es sont ici invité.es à saisir, cerner et pratiquer la dramaturgie en s'essayant à la fois à dresser une cartographie des pratiques dramaturgiques et à pouvoir s'y situer. Il s'agit ainsi non pas de définir une pratique qui, en tant que telle, sort du cadre définitionnel puisqu'elle n'a pas de « fins » et de contours fixes et figés – ceux-ci bougent selon les modalités d'activation dramaturgique (au plateau, en institution, dans la conception de dispositifs divers...) – mais plutôt de proposer une méthode de double singularisation : singulariser ce qui fait, aujourd'hui, le paysage dramaturgique et ainsi voir apparaître, pour chacun·e, ce qui singularise sa propre méthode de faire. À partir de là s'entame un chemin d'étude situé, le long duquel le/la participant·e peut davantage reconnaître la spécificité de sa méthode, de ses outils mais aussi, par-là, expérimenter d'autres manières d'en faire usage ou de les affiner en regard des spécificités des autres.
Les séminaires : 4 correspondants à des activations différentes de la dramaturgie aujourd’hui.
Orientation : partage de savoir et mise en expérimentation. Partir d’une problématique à laquelle le ou la praticienne invité·e fait face et ouvrir cette recherche ou réflexion plutôt que de faire une présentation d’un savoir. Il s’agit d’une mise au travail et en partage plutôt que d’une formation académique.
Chaque séminaire, étendu sur une semaine, implique :
-L'intervention d'un·e praticien·e dramaturge, choisi·e et invité·e en ce qu'iel active l'une des modalités spécifiques de cette activité et peut ainsi en dresser les enjeux singuliers auprès des participant.es.
-Il s'agit aussi, pour chaque intervenant·e, de pouvoir mettre en partage des outils, des protocoles de recherche et d'écriture ou encore de proposer des situations permettant l'application de ce type-là de dramaturgie.
Chaque module incarne ainsi, à l'échelle concentrée d'une semaine, l'esprit général et transversal du programme « Pratiques dramaturgiques » : une circularité entre exposés et pratiques, entre parole de l'un·e et ressaisie collective, et partages de questionnements et expérimentations. Il s'agit de se mettre, au sein d'un espace de recherche et création artistique, en état « d'étude », c'est-à-dire d'alliance entre « enquête » et « application » (cf. étymologie du mot).
Les modules seront donc toujours structurés en au moins deux temps : un temps « à la table » dans lequel le groupe est rassemblé pour se mettre à l'écoute et à la discussion d'une question, d'une problématique ; un temps d'expérimentation qui peut conduire les participant.es à un travail propre d'écriture, à une fréquentation d'une réalisation de plateau ou encore à la visite d'un autre lieu artistique ou un autre contexte selon le type de « dramaturge » qui intervient sur chaque module.
Pour qui :
Personne ayant une expérience de dramaturge, débutante ou confirmée.
Quatrième séminaire : Dramaturgie(s) décoloniale(s) avec Castélie Yalombo Lilonge & Antoine Dupuy Larbre
Ce séminaire s’adresse à toute personne qui :
--> porte intérêt pour les pratiques dialoguantes ou qui accompagne, de près ou de loin, la production et les pratiques artistiques.
--> a des affinités et une affection pour les idées décoloniales, post-coloniales, anticoloniales, antiracistes, panafricaines, anti-impérialistes…
--> a la volonté d’aligner, même momentanément, sa pratique avec ses idées.
Le séminaire se propose :
--> de constituer un groupe en mixité choisie** de personnes afrodescendantes / non-afrodescendantes* (noir.x.e / non-noir.x.e, et/ou blanc.x.he / non-blanc.x.he) intéressées par les rôles de « dialoguant.es » dans le secteur et les pratiques artistiques.
--> d’observer ensemble les relations artistes-dramaturges-œuvre-interprètes-institutions sous le prisme des enjeux de pouvoir du racisme et de la colonialité.
--> de faciliter un espace-temps de recherche où tout le monde est acteur.ice de l’enquête.
--> d’alterner des temps de travail en (non)/mixité* et ainsi d’observer les différentes dynamiques relationnelles à l'œuvre dans les discussions de groupe.
--> de se frotter collectivement à ces questions :
• Qu’est-ce que ce titre, Dramaturgie(s) décoloniale(s), nous dit ? --> Qu’est-ce pourrait être une « dramaturgie décoloniale » ? --> Comment elle se pratiquerait ? --> Qu’est-ce qui pourrait la fonder ? --> Quel type d'œuvre produirait-elle ? -->
• Comment se familiariser avec les enjeux de légitimité, de pouvoir et de domination dans les relations interpersonnelles et professionnelles ?
• Quelles stratégies adopter pour (re)trouver une autonomie vis-à-vis des narratifs dominants ?
• Comment travailler les attentes et langages artistiques de la blanchité dans l’art (white gaze) et (refuser d')y répondre?
--> de tenter de répondre ensemble, sans y apporter de solution.
L’idée de ce premier séminaire Dramaturgie(s) décoloniale(s) est de faire un état des lieux des pratiques existantes (individuelles et collectives), d’écouter les enjeux et pistes de chacun/es. Son programme comporte :
--> Jour 1 : présentation et introduction de la recherche par Castélie YL et Antoine DL ; groupes de parole en mixité choisie**
--> Jour 2 : rencontre avec un.e première intervenant.e ; discussion en mixité choisie** avec l’intervenante
; moment de (re)mise en commun
--> Jour 3 : rencontre avec un.e deuxième intervenant.e ; discussion en mixité choisie** avec l’intervenant
; moment de (re)mise en commun
--> Jour 4 : conclusions de cette première semaine ; groupes de parole en mixité choisie**
Notes aux lecteur.ices :
* Nous défendons la mixité choisie afrodescendante / non-afrodescendante (noir.e.x / non-noir.x.e, et- ou blanc.x.he / non-blanc.x.he) comme une pratique sociale où l’écoute et la confiance se voient changées par les dynamiques relationnelles à l’œuvre au sein d’un groupe, et où, en conséquence, nous tâchons d’adresser consciemment ces dynamiques, afin de s’en émanciper, lorsqu’elles reproduisent des dominations.
** Nous observons notre trouble à choisir le nom de cette mixité choisie “(non-)/racisé.x.e”, “(non-)
/afrodescendant.x.e”, “(non-)/blanc.x.he” “(non-)/noir.x.e”. Nous oscillons entre ces appellations, conservons notre instabilité, qui trouvera à se déposer momentanément avec le choix du groupe.
Castelie Yalombo Lilonge
Je suis Castélie Yalombo Lilonge, une artiste belgo-congolaise-espagnole, formée à la chorégraphie et à l'expression poétique (ULB, ARBAESA). Mon travail artistique s'étend de la chorégraphie à l'installation en passant par le discours poétique. J’explore les complexités des identités collectives, de l'altérité et des dynamiques relationnelles. À travers mon travail, je sonde également le statut de sujet et d'objet du corps. Engageant avec sensibilité les thèmes de la dynamique du pouvoir, je plaide pour la réarticulation des récits d'identités oubliées, confisquées et dissimulées. En 2022, j'ai créé ma pièce solo « Water, l'atterrée des eaux vives » au Kunstenfestivaldesarts. Depuis, je poursuis mon exploration du soi et de l'altérité, en me concentrant sur le regard et le corps à travers deux processus de recherche collective :
« Chair work » : Un groupe de réflexion collaboratif avec des artistes de divers domaines, examinant comment nous nous représentons le corps du public. Et comment pouvons-nous l’engager davantage dans nos oeuvres, et moins adresser nos facultés cognitives ; Et « Motherness » : Un projet de recherche collectif qui se manifeste par une série de rencontres appelées « MOTHERNESS Galaxy», visant à explorer les multiples dimensions de la maternité et ses implications sociopolitiques.
Antoine Dupuy Larbre est dramaturge, chorégraphe et performeur vivant et travaillant entre Paris et Bruxelles. Après avoir étudié la danse contemporaine à P.A.R.T.S. (Bruxelles), il plonge dans la dramaturgie auprès de plusieurs chorégraphes et accompagne, en 2024, le travail chorégraphique de Mooni Van Tichel, Urte Groblyte, Zoé Lakhnati, Elsa Tagawa, Andrea Givanovitch, la pratique photographique de Jana Van Brussel et la mise en scène d'un opéra avec Anaïs de Courson. Il gravite également autour de plusieurs collectifs (Festival de L'Arbre Bavard, leprojetgéo, Caddy for Palestine), et est formé à la fasciathérapie. Egalement à la tête de ses propres projets, il met en scène et chorégraphie "#BACKTONATURE" (2024), "Working Dance" (2023), et travaille actuellement sur sa prochaine création "Monopoly — La fabrique de l’indifférence" (2027/2028) sur la question du soin au sein des monopoles de la violence.