La Bellone

RÉSIDENCE / ÉCRITURE

Autour de g r oo v e

7/06 > 2/07/2022
Visuel © Lara Gasparotto

«À travers cette résidence d’écriture, je souhaite prendre un temps pour réunir les textes qui m’ont acheminé vers ce désir de créer et de m’écrire une danse.

Au cours de mon parcours d’interprète et de mes débuts dans la création chorégraphique, j’ai toujours tenu des carnets dans lesquels se sont accumulés des notes techniques, des opinions, des émotions. Je m’exerce à décrire mes expériences au plateau. En effet, parmi les arts, la danse est le plus fugace. Mettre à l’écrit mes sensations et pensées évanescentes, qui occupent et agissent sur le corps entier au fil d’une performance, me permet en somme, de consigner ces instants si singuliers. Je tente de dépeindre ces expériences dans leurs incohérences et leurs poésies.

 

L’écriture et la littérature m’ont permis de tracer les grandes lignes qui sous-tendent ma première création g r oo v e. Tout au long de ce processus, différentes formes de narration se croisent: du journal intime aux conversations avec mes collaborateur·ice·s, de l’inventaire des inspirations musicales aux réflexions sur notre contexte culturel, des plaisanteries grivoises à la formulation soignée des intuitions. J’ai entrepris aussi une collection d’enregistrements de danseur·euse·s et de musicien·ne·s à qui j’ai demandé ce que le groove signifiait pour elleux. A partir de cette matière et de mes relectures, j’ai le désir d’approfondir cette méthode de travail intuitive et de la développer grâce à l’écriture. »

 

Des danses familiales aux canons esthétiques contemporains, Soa Ratsifandrihana cherche à convoquer ses multiples héritages et à les transformer, en les recréant dans un contexte qu’elle s‘est choisie. Elle entame cette pratique avec l’écriture d’un solo intitulé g r oo v e qui réunit des influences artistiques, qu’elle manipule au gré de l’énergie et de la sensation qu’elle souhaite partager avec le public. Soa désire un retour à la danse, celle qui est nécessaire, celle qui l’engage tout entière, autant mentalement, physiquement qu’émotionnellement. 

 

Soa Ratsifandrihana est danseuse et chorégraphe franco-malgache. Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Soa débute en tant qu’interprète dans des créations de James Thierrée (Tabac Rouge) et Salia Sanou (Du désir d’horizons). Elle rejoint ensuite la compagnie Rosas d’Anne Teresa de Keersmaeker. Parmi de nombreuses productions, Soa danse Fase (y compris le solo Violin Phase), que la chorégraphe Anne Teresa transmettait pour la première fois à une nouvelle génération de danseur·euse·s. Cette pièce a été consacrée par un article du New York Times l’une des « Best dances of 2019 ». Le nom de Soa Ratsifandrihana y est mis en avant pour la qualité de son interprétation. Récemment, elle rejoint l’équipe de Boris Charmatz pour le projet itinérant 20 danseurs pour le XXème siècle et plus où elle y partage son approche de l’improvisation.

 

En parallèle de son travail d'interprète, elle développe son propre travail. Elle collabore en 2016 avec les musiciens Sylvain Darrifourcq et Ronan Courty dans Tendimite, une écriture minimaliste et nerveuse. Dernièrement, elle chorégraphie Folia avec Aure Wachter et la cie HowNow, présentée à la Philharmonie de Cologne en août 2020. Elle continue de collaborer avec la Cie HowNow menée par Florentin Ginot, dans la création d’un spectacle appelé Dead Trees Give No Shelter.

 

En octobre 2021, elle présente à Bruxelles, à l’Atelier 210, son premier solo intitulé g r oo v e. Cette pièce est à propos du temps, de l’écoulement du temps. La création musicale, la danse et la lumière se coordonnent, se répondent et se défont dans un espace évolutif. Tout est rythme. Soa s’intéresse au souvenir, à la réminiscence et aux paradoxes. Bien que la musique, la littérature et l’écriture soient des sources d’inspiration et de réflexion indubitables, la danse restera le point d’ancrage dans sa pratique artistique. Car ce qu’elle cherchait dans son premier solo et chercherait toujours à partager avec un public, c'est avant tout ce plaisir frugal et sensible que procure l’acte de danser.