La Bellone

RÉSIDENCE / ÉCRITURE

about language, loss and love

22/09 > 18/10/2025
Visuel © Cercle OPAC

Aujourd'hui egutchi se lève et, ça y est, il s'est enfin décidé à prendre un billet d'avion pour Tokyo. Treize ans qu'il n'a plus mis un pied au Japon.

Dans sa navigation internet jusqu'à la destination, des détours, des avancées et des tentatives de recul. Tout un chemin à travers un espace numérique et émotionnel qui devient une cartographie de ses doutes. Alors il se souvient, des flammes en fleurs sur cette île où il n'y a que l'été.

Et les paroles d'un moustique qui est venu lui chuchoter quelque chose à l'oreille.

 

Parfois mon cœur voit flou devant un même objet résonnant différemment dans mes deux langues natales. Et dans les échos vides de celles dont je n'ai pas hérité.

Je me demande si mes yeux peuvent se résoudre à voir des « feux d'artifices » et des « flammes en fleurs » simultanément, sans avoir des maux de tête (surtout de cœur(s)).

À travers ce regard en double-langue d'abord, j'interroge ce flou.

Comment il prend forme, où il apparaît. Que faire de ces quatre yeux et de ces deux cœurs.

about language, loss and love est une tentative de traduire un cœur fragmenté en plusieurs langues. Une auto-fiction aux narrations parallèles comme récit initiatique, en souvenirs et en wifi.

 

Cette résidence à la Bellone est une étape de travail de réécriture poétique et dramaturgique, en continuité de mon mémoire de l'ERG de 2022.

 

egutchi est un artiste d'origines japonaises et sénégalaises né en France en 1997 et basé à Bruxelles depuis 2017.

Depuis son master à l'ERG (2017-2022) c'est la question du langage qui trace les contours de sa pratique. À travers une poésie principalement écrite et musicale, egutchi tente de construire des ponts qui se dessinent comme des relations. État des lieux des espaces d'entre deux, où le langage est pensé comme un système de lien et de cartographie. De sa langue natale à son autre langue natale. De sa peau à leurs yeux. De la transition d'une culture à une autre, à encore une autre et encore, celle de son silence à sa parole, et aussi de son genre. Fuir Paris. Ne pas comprendre le wolof. Tomber amoureux en français.

Sauvegarder l'usage du japonais en le chantant, à la mémoire des moustiques de ces 15 étés au Japon. Réparer le chantier qu'est un cœur en itinérance, par des tentatives de se traduire, de se situer, de se lier.