La Bellone

RÉSIDENCE / ÉCRITURE

Le grand saut (titre provisoire)

15 > 27/06/2020
Visuel © Alexandre Rodtchenko

L’artiste, l’écrivain·e, la/le critique, la/le chercheur·e, la/le dramaturge vient à La Bellone pendant 4 semaines se concentrer sur un projet d’écriture lié aux arts scéniques. Ce projet peut être littéraire, théorique, critique et évidemment à destination du plateau.

Comment mettre en scène la chute ? Comment écrire l’acte de chuter ? C’est autour de ces questions que je souhaite organiser mon travail d’écriture pour cette résidence conjointe entre La Bellone et le Centre des Écritures Dramatiques WB. J’y écrirai le texte de ma prochaine pièce Le grand saut (titre provisoire). J’écrirai ce texte pour la danseuse que je suis. Le texte prendra la forme d’un monologue, destiné à être dit et incorporé, parlé et dansé. Il poursuit la recherche d’une écriture matérielle, chorégraphique, vivante et orale, une partition à dire et à interpréter corporellement.

Partir d’un saut. Imaginer sa trajectoire, ses sensations et la transformation de ses états. 
La descente est lente, interminable, grisante. Celle qui chute n’en finit pas de tomber. Il se pourrait qu’elle vole. Je souhaite décrire cette action unique : une descente de dix ou peut-être quinze secondes au total. Plongé au cœur du mouvement, il n’y a ni passé, ni futur, le présent s’étale. 
Au fur et à mesure que la chute progresse, la psyché s’altère, s’abandonne, délire. À l’approche du sol, au seuil d’un autre espace, corps et psyché entrent dans une transe légère, joyeuse et terrifiante. Décrire ce saut, c’est en quelque sorte écrire cette dernière danse.

Comment écrire l’action ? Je souhaite travailler une écriture physique qui 
dit : l’absence de poids, la densité de l’air, la perte des repères, la sensation du vide, la joie de l’abandon, la terre qui se rapproche, la fusion avec les éléments, etc. 
Le texte de cette pièce est donc le déploiement d’un geste, dans sa puissance et sa radicalité. 
Une écriture qui puisse dire les micros changements qui ont lieu dans le corps, l’appréhension d’un environnement, les altérations de la conscience.

Ce projet poursuit la recherche d’une écriture matérielle, chorégraphique, entamée dans mes précédentes pièces. Entre peinture impressionniste et expérience phénoménologique, je cherche une écriture qui fasse surgir les détails, les couleurs, et les sensations de ce phénomène qu’est la chute.

Durant cette toute première résidence, je chercherai la cohérence entre le texte et son incorporation au plateau. J’écrirai en pensant à la danse, et au travail du corps sur scène. Pour cette pièce, j’envisage une écriture au service de la danse. J’imagine une écriture poétique, non linéaire, une écriture avec des trous, qui laisse de l’espace pour l’interprétation scénique.


Julie Gouju est danseuse-chorégraphe et auteure. Après un master en philosophie à la Sorbonne, où elle mène des recherches sur la danse, elle intègre le master en chorégraphie ex.e.r.ce, au Centre Chorégraphique National de Montpellier, sous la direction de Mathilde Monnier et Laurent Pichaud. À partir d’une pratique de la danse, son travail noue une rencontre avec le champ du théâtre, via le travail du texte et de la voix. Elle écrit des textes à danser, à interpréter vocalement et corporellement. 
Le geste et le mot ainsi énoncé cherchent à éveiller différents sens et niveaux de réception, pour créer d’autres formes. Quand le texte forme la matrice d'une pièce, il n’en est pas le seul coeur. 

En 2014, elle crée la performance Les papillons ne mordent ni ne piquent, avec Bojana Bauer et Yasmine Hugonnet, pour le festival Far à Nyon en Suisse. En 2018, et après plusieurs versions performatives, elle crée À 10cm près, avec Adaline Anobile, à l’occasion de Vivat la danse. La pièce explore la parole comme un « geste commun », produit par la réunion de deux corps. Elle chorégraphie les élans, les micro-mouvements et les dynamiques de la parole en train de se former. En 2019, elle crée Faon(acte tragique), pendant le Next Festival au Buda Kunstencentrum, à Courtrai en Belgique. Pièce pour deux interprètes, Faon est un acte tragique contemporain, chanté et dansé, fondé sur l’imaginaire du sacrifice et de ses transformations. En 2020, elle entamera la création de sa prochaine pièce, Le grand saut (titre provisoire) à l’occasion d’une résidence d’écriture croisée entre La Bellone et le Centre d’écriture dramatique WB.

À côté de ses projets scéniques, Julie Gouju poursuit un travail de recherche en art, impliquant artistes, universitaires et amateur·trice·s. 
Ces laboratoires visent à développer les outils d’une technique choréo-vocale (chorégraphique et vocale) à destination d’amateur·trice·s. et de professionnel·le·s, afin de créer une pratique de l’art populaire et réflexive, un art politique, en résonance avec les problématiques d’aujourd’hui. 
Ces laboratoires sont menés en partenariat avec des collèges de Seine-Saint-Denis, le Centre National de la Danse, les Ateliers Médicis, écoles des Beaux-Arts, …

Au cours des dernières années, elle a accompagné le travail d’autres chorégraphes et metteur·e·s en scène (notamment Marcela Santander, Clarisse Chanel, Jule Flierl, Clément Vercelletto, Fabio Kinas,…) et participé à différents projets de recherche en art (à la Manufacture de Lausanne, Black Box Teater à Oslo). En 2015, elle est lauréate de la bourse DanceWeb au Festival Impulstanz, à Vienne. 
Sa pièce À 10cm près a reçu le soutien du programme européen Life Long Burning (en partenariat avec ICI-CCN de Montpellier et le Cullberg Ballet-Stockholm).

Julie Gouju est à l’initiative de l’association L'Inesthétique créée à Lille en décembre 2017. Pour la création de Faon, elle a reçu le soutien de la structure d’émergence Happynest, basée dans les Hauts-de-France.

Ce site ne fait l'objet d'aucun profit. Si un ayant droit refuse d’y voir cette image y figurer, elle sera retirée sur simple demande.