La Bellone

RÉSIDENCE / DRAMATURGIE

Olympia 2.0 – Recherche gestuelle et dramaturgique

6 > 13/11/2024
Visuel © Nicolas Biaux

Olympia 2.0 est le fruit du travail de Mara Dupas comme conceptrice et interprète. Explorant une gestuelle fluide et ondoyante, le solo tire son nom du personnage de la servante noire représentée dans le célèbre tableau éponyme de Manet. La pièce se concentre sur deux éléments corporels distinctifs : le dos et les cheveux. Principalement interprétée de dos et avec une nudité partielle, elle transcende les attentes du public quant à ce qui est révélé et ce que l'interprète choisit de cacher. Par la gestuelle où par l’utilisation de dispositifs scéniques permettant la dissimulation, l’interprète dialogue avec certaines images et représentations stéréotypées.

Cette œuvre s'inscrit dans une réflexion sur le rapport au corps de l’artiste en tant que personne afrodescendante et l’invisibilisation des vécus des personnes racisées, tout en abordant de manière abstraite les notions d'exotisme et de fantasme. En refusant de dévoiler directement son visage, Mara cherche à déjouer les attentes du public, tout en lui laissant la possibilité de la découvrir, partiellement, à travers un miroir.

 

Processus de création :

Chaque année, les communautés afrodescendantes dépensent des milliards de dollars en produits capillaires, soins et extensions.

Si l'on modifie sa coiffure, comment le public perçoit-il une femme noire ?

Où se trouve la liberté, où commence le déguisement ?

À quel point les personnes afrodescendantes sont-elles hypersexualisées ?

Le solo souhaite mettre en opposition les apparences et ce qui reste soigneusement caché. Élément important dans de nombreuses cultures, tantôt symbole d'appartenance à un groupe ou de résistance contre l'oppression, le cheveu afro, longtemps stigmatisé et invisibilisé par les médias, ne cesse de susciter la curiosité.

En remettant en question l’omniprésence des standards de beauté occidentaux, le décor intimiste d’Olympia 2.0 devient le lieu d’une (re)découverte, d’une tentative d’acceptation et de prise de parole.

 

Mot de l’artiste / inspirations :

Plusieurs sources alimentent mes réflexions : documentaires, entrevues, témoignages récoltés autour de moi, articles de journaux, essais vidéo, routines et rituels capillaires, etc.

Cette œuvre n'aurait pas pu voir le jour sans les allées foisonnantes des boutiques de cosmétiques où se côtoient produits bios et savon éclaircissant, et des salons de coiffure où l'on reste assis-e pendant de nombreuses heures, avant de ressortir « transformé-e ».

Les travaux de plusieurs artistes et écrivain-e-s, ayant abordé de près ou de loin le rapport au corps et à l'identité, sont également des sources importantes d'inspiration. L'univers musical de Nina Simone, les mots de Toni Morrison, de Bernardine Evaristo et de Jennifer Padjemi, ainsi que les performances poignantes d'artistes telles que Maryline Chery, Dana Michel et Rébecca Chaillon, parmi d'autres.

 

Née en France dans une famille multiculturelle, Mara Dupas grandit au Québec. Elle poursuit sa formation académique tout en perfectionnant sa technique en ballet classique et en danse contemporaine à l’Académie du Ballet Métropolitain, puis à l’École de Danse Contemporaine de Montréal, d’où elle sort diplômée en 2022.

Mara collabore en tant qu’interprète avec plusieurs artistes tout en développant sa propre pratique chorégraphique. Elle s’intéresse aux ponts qui peuvent être créés entre culture antillaise, danse et littérature. Les récits et les expériences vécues de personnes afrodescendantes constituent l’une de ses principales sources d’inspiration.

Ses créations ont été présentées à Montréal lors du festival Vue sur la relève, du OFFTA et du festival Phénoména.

 

Camille Gendron, artiste en danse contemporaine basé·e à Montréal, navigue entre l’interprétation et la direction des répétitions.
Esprit sensible aux soubresauts joueurs n’allant nulle part sans son cahier, Camille voit dans les phénomènes relationnels (humains, écologiques, historiques) une matière infinie de questionnements et d’émerveillement. Croyant en l’importance de situer gestes et propos, iel plonge dans ses sensations corporelles comme un terrain fertile à une redéfinition du rapport à soi, aux autres et au territoire.
Titulaire d’un baccalauréat en danse (UQÀM), Camille a œuvré sur scène dans la dernière création de la chorégraphe Rhodnie Désir (Symphonie de cœurs, 2024), et poursuit son travail aux côtés d’artistes de la relève tel·les que Rozenn Lecomte, Mara Dupas et Melina Pires.
C’est dans un désir de connexions humaines franches et revendicatrices que Camille choisit les arts vivants, y percevant un espace générateur de liens intangibles qui dépassent nos individualismes.