
Une charte pour des archives réellement inclusives
Suite à une première journée en décembre 2024 sur la question du genre dans les archives artistiques en Belgique francophone, la Bellone et les AML ont décidé de s’associer pour travailler à l’établissement d’une charte autour de la représentation des minorités de genre et d’origine dans les centres d’archives et de documentation artistiques en FWB.
Avec le projet SCAPIN, le secteur des arts de la scène dispose désormais d’un outil unique de mutualisation des bases de données issues des principaux centres de ressources en arts de la scène ainsi que de nombreux théâtres et compagnies artistiques, permettant ainsi de recenser l’ensemble des spectacles professionnels en Belgique francophone, toutes disciplines confondues, saison par saison, ainsi que les documents qui y sont attachés dans les divers centres de ressources francophones.
La fusion de ces données offre de nouvelles possibilités de veille statistique et de valorisation des travailleur·euses du spectacle en FWB, tout particulièrement en matière de représentation des femmes et des minorités diverses dans les collections documentaires. Il permet d’obtenir une image particulièrement précise de la proportion de femmes et de personnes issues des minorités dans les distributions des spectacles ainsi que dans les documents qui sont archivés. A ce titre, il s’agit d’un outil puissant pour identifier les points d’attention et les objectifs que devrait remplir une charte en matière d'inclusivité pour les archives artistiques en FWB.
Pour autant, les biais institutionnels sont nombreux, et l’utilisation inconsidérée d’un tel outil et la mise en marche forcée d’un projet de recensement généralisé soulèverait des questions profondes et très probablement violentes pour les personnes concernées. Les enjeux mémoriels sont au cœur des luttes et ils sont infiniment plus complexes qu’une simple aspiration à la visibilité.
Le 26 septembre 2025, une journée de réflexion et de travail sera organisée à la Bellone pour explorer les enjeux liés à l’élaboration d’un tel outil, par le biais de conférences et au moyen de groupes de travail selon les méthodes de l’intelligence collective. Quel est le cadre juridique des questions liées au genre et aux racisations dans les archives publiques ?
Quelles sont les possibilités et les bonnes pratiques en termes d’indexation des données ? Comment mener une politique proactive et inclusive dans le cadre d’institutions documentaires publiques, tout en respectant la spécificité des enjeux et des matériaux archivistiques issus de communautés qui ont souvent développé leurs propres pratiques en la matière, ou leur propre pensée politique mémorielle ? Quelles réparations sont possibles, quelles sont souhaitables ? Qu’en est-il du droit à l’oubli ou à l’anonymat ? Quelles protections garantir contre les fantasmes étatiques de la transparence ? Quels sont les principaux objectifs que doit se donner une charte vouée à s’appliquer dans des contextes souvent très différents ? Quelles sont les priorités ?
Faisant suite à la journée de l'an dernier consacrée à la question du genre et aux enjeux féministes, cette journée se centrera sur les enjeux liés aux luttes et aux communautés LGBTQIA+. Une journée consacrée aux questions d'archives et de mémoire depuis une perspective décoloniale est en préparation pour le printemps 2026.
Programme de la journée 9h30 Accueil des participant·es
10h00 Mots d'introduction et de bienvenue par Mylène Lauzon (directrice de la Bellone), Laurence Boudart (directrice des AML) et Roland Van der Hoeven (directeur général adjoint du Service général de la Création artistique - FWB)
10h15 Exposition du cadre juridique sur la protection des données personnelles (RGPD) par Françoise Lamoureux
11h00 Pause café
11h30 Table ronde de critique (dé)constructive autour des enjeux spécifiques aux réalités des personnes LGBTQIA+ que soulèvent ce projet de charte en compagnie de Castillo, Lissa Choukrane et Samy Soussi
13h00 Pause
14h00 Début des groupes de travail facilités par Julie Chemin
16h30 Synthèse des échanges et clôture
Françoise Lamoureux est spécialisée dans la gestion de bases de données, d'informations et de connaissances depuis plus de 20 ans dans différents secteurs. Elle a exercé pendant 7 ans le rôle de responsable du Centre de Documentation Théâtre à la Bellone. Depuis, 2023, elle s'est formée au RGPD (notamment à ICHEC) et dirige les efforts de mise en conformité RGPD au sein de la Plateforme pour le Service Citoyen.
Castillo est artiste, chercheur et enseignant. Son art consiste à accueillir des assemblées, performer et écrire. Son travail pose des questions se trouvant aux croisements entre les arts et la santé communautaire queer-transpédébigouine. Depuis 2020, il mène une recherche qui expérimente l’assemblée comme méthodologie, initiée à l'erg. Il enseigne dans le Master en Pratiques éditoriales à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles.
Lissa Choukrane est chercheuse et s'intéresse aux pratiques du livre et aux questions d'archivage. Après une recherche sur l’histoire des relieuses, elle poursuit le chantier de raconter les histoires croisées des femmxs et des métiers du livre, par le prisme de genre.
Samy Soussi est un artiste photographe bruxellois. Ses photographies sont les images de sa vie, de ses récits et de ses positionnements politiques. De la scène alternative punk et queer aux manifestations, Samy Soussi ouvre une fenêtre sur l’inside de ces multiples communautés connectées par leurs intersections militantes.
Julie Chemin est musicienne, chanteuse, autrice et cheffe de choeur.
En plein confinement de 2020, elle découvre les pratiques de l'intelligence collective et combien elles font écho à sa pratique artistique. Si depuis toujours, les réflexions sociétales alimentent son art et ses choix professionnels, Julie décide alors de laisser une place plus grande à son engagement envers le vivant et les vivants, en s'inspirant de la sociocratie, des Arts, de la pédagogie et de nombreuses lectures.