La Bellone

RÉSIDENCE / DRAMATURGIE

AZUMA - à la rencontre d'une Love Doll

3 > 15/04/2023
Visuel © Elsa Chêne

 

De plus en plus d’hommes japonais font le choix de vivre aux côtés de Love Dolls, ces êtres de silicone au visage et au corps réalistes, proche d’apparences et de mensurations plausibles (bien que fantasmées). Dans un documentaire qui leur est consacré, j’ai vu ces adultes habiller, placer, déplacer en fauteuil roulant et prendre des photographies de celle qu’ils appellent leur petite amie. Au quotidien, ils les mettent en scène et disent tous lire les émotions qui passent sur les visages de silicone. Savoir quand elles sont tristes ou joyeuses. Ils jurent voir leurs compagnes bouger.
Bien que moins répandu, ce phénomène existe et se développe également en Europe. En 2019, je découvrais par exemple, au moment de sa fermeture, l’existence d’une maison close de poupées au Mans, ville française où j’ai grandi. Y avait-il là-bas, dans les chambres d’hôtels, des relations suivies, des préférences, des conversations sur l’oreiller ? Au-delà de la surprise et de l’amusement, je cherche à comprendre les sensations contradictoires que me procure une telle pratique. Ce qui à la fois m’amuse en tant qu’ancienne joueuse à la poupée, m’intrigue en tant que metteuse en scène, me bouleverse en tant que femme, me révolte en tant que féministe.

 

Elsa Chêne, metteuse en scène française, vit et travaille à Bruxelles.
Fascinée par les liens qui unissent le corps à l'espace mental et aux souvenirs, elle travaille sur la manière dont nos mémoires intimes et collectives déforment nos environnements les plus familiers.
Diplômée de l’INSAS (Institut National Supérieur des Arts de la scène), elle crée en 2018  MUR/MER, performance où les corps des estivants ont remplacé la plage qui a disparu. Le projet gagne le 2ème prix du jury lors du Festival-Concours Danse Elargie à Paris, organisé par le Théâtre de la Ville, le musée de la danse et soutenu par la Fondation Hermès. Le projet est présenté ensuite au Festival Tout Mons danse, ainsi qu’au Théâtre des abbesses et au Sadler’s Wells (Londres) en septembre et octobre 2019.
Elle monte ensuite en 2021 la pièce ORPHELINS de Dennis Kelly. Dans un espace vide, elle travaille de manière chorégraphique sur des trajets dessinés par les interprètes et sur la répétition de gestes polysémiques. Le spectacle sera finalement repris et partagé au public au Théâtre Varia en avril 2022.
En mars 2022, elle présente le spectacle COEUR KARAKOÉ (texte de Victor Rachet) au Manège de Mons et au Théâtre Varia, à Bruxelles.  
Elle entame actuellement des recherches sur un nouveau projet, AZUMA, création autour du phénomène des Love dolls, ces poupées d’amour avec lesquelles certains hommes font le choix de vivre au Japon.
En parallèle de son activité de metteuse en scène, elle fait la création-lumière du spectacle Home, mis en scène par Magrit Coulon (Théâtre des Doms, Festival d’Avignon 2020) et commence actuellement un projet vidéo intitulé Stolen gestures
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