La Bellone

RÉSIDENCE / DRAMATURGIE

Ranavalona (titre provisoire)

13 > 25/02/2023
Visuel © Soa Ratsifandrihana

Ranavalona (titre provisoire) est à propos de mon rapport à Madagascar, à l’Europe et à la création.

Cette pièce est au carrefour de plusieurs identités et territoires, qui souvent se contredisent. La création permet de faire le lien. J’avais envie pour ce projet de partager le plateau avec des danseur.euses avec qui je partage des préoccupations artistiques communes. 

Avec Ranavalona, j’ai envie de raconter une histoire que j’aurais aimé entendre petite.

Avant que l’école soit introduite au début du 19ème siècle à Madagascar, la transmission et l’enseignement passaient par les contes et légendes racontés par les aïeuls, détenteurs du savoir malgache. Cette culture persiste, continue à se transmettre de bouche à oreille mais se raréfie et ne parvient pas à voyager au-delà de l’océan, laissant hésitante une nouvelle génération de la diaspora qui cherche à apprendre à se connaître. Le podcast ou la création radiophonique permet de faire des ponts et surtout de sortir des placards des récits qu’on aurait oubliés ou qu’on n’aurait pas l’habitude d’entendre.

Le règne de Ranavalona Ière de 1828 à 1861 traverse une période que l’on appelle le temps des ténèbres. Celle que l’on surnomme la « Caligula malgache » monte sur le trône à la mort de son époux et impose son autorité sur l’île. Depuis, la production littéraire s’est emparée de l’histoire, a fait le récit de ses excès et en a créé la légende.

En m’intéressant au cas de Ranavalona Ière, c’est tout un pan de l’histoire et de la culture que je découvre. Nous partirons avec Chloé Despax et Prisca Ratovonasy à Madagascar pour échanger et récolter des fragments d’histoires et de mémoires. Cette matière constituera une création radiophonique qui précèdera le travail de plateau. Avec Audrey Mérilus et Stanley Ollivier, j’aimerais jouer des différents rapports qu’il pourrait y avoir entre la danse et l’oralité présente dans la bande sonore. Aussi, je serais curieuse de connaître, quelles histoires Audrey et Stanley auraient aimé entendre petit·es? Comment allons-nous accompagner, incarner ou documenter ces récits avec nos corps ?

Soa Ratsifandrihana est danseuse et chorégraphe franco-malgache. Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Soa débute en tant qu’interprète dans des créations de James Thierrée (Tabac Rouge) et Salia Sanou (Du désir d’horizons). Elle rejoint ensuite la compagnie Rosas d’Anne Teresa de Keersmaeker. Parmi de nombreuses productions, Soa danse Fase que la chorégraphe Anne Teresa transmettait pour la première fois à une nouvelle génération de danseur·euses. Récemment, elle rejoint l’équipe de Boris Charmatz pour le projet itinérant 20 danseur·euses pour le XXème siècle et plus où elle y partage son approche de l’improvisation. 

 

En parallèle de son travail d'interprète, elle développe son propre travail. En octobre 2021, elle présente à Bruxelles, à l’Atelier 210, son premier solo intitulé g r oo v e. Bien que la musique, la littérature et l’écriture soient des sources d’inspiration et de réflexion indubitables, la danse restera le point d’ancrage dans sa pratique artistique. Car ce qu’elle cherchait dans son premier solo et chercherais toujours à partager avec un public, c'est avant tout ce plaisir frugal et sensible que procure l’acte de danser.