La Bellone

RÉSIDENCE / ÉCRITURE

Je vous parle ici de ce qui n’existe pas

22/04 > 17/05/2024
Visuel © Acia Yang

« Je vous parle ici de ce qui n’existe pas » est une exploration sensible autour de l’asioféminisme et du racisme anti-asiatique en Belgique auprès de celleux qui le vivent. Une narration en 6 gestes (quand il pourrait y en avoir cent) & 1 obsession : Défaire le regard blanc, incarner les luttes, décoloniser l’intime, nourrir les diasporas, penser les masculinités subalternes et esquisser des futurs désirables. Des gestes qui se répondent pour nourrir une obsession : créer des archives minoritaires pour faire résonner nos histoires. Pour qu'on ne puisse jamais dire que faute de mots, tout ça n'existe pas.

 

"Il faut me départir du regard blanc

qui nous détourne sans cesse de nos vies et de nos mots"

 

Après une année consacrée au développement du projet, des recherches documentaires et une quinzaine d’entretiens auprès de personnes issues des diasporas asiatiques vivant en Belgique, il s’agit à présent d’une nouvelle phase d’écriture afin de mettre en forme la riche matière récoltée.

Après avoir déplié sous formes de créations sonores les gestes 1 et 2 (Défaire le regard blanc et Incarner les luttes), j’aimerais pour ce 3ème geste approcher un nouveau format orienté vers la performance. Je souhaite pour ça m’appuyer sur le texte lu, soutenu d'une création sonore qui mêle diverses textures de son : mots empruntés ou à demi-chuchotés issus de témoignages, paysages sonores et musiques originales façonnées aux côtés du musicien et compositeur Lee Lebens, qui se joindra à moi pendant quelques jours de résidence. 

Une réflexion sur l’hybridité du langage et ses différentes formes pour restituer une polyphonie de voix et rendre compte des stratégies avec lesquelles il nous faut composer pour exprimer le vivre entre-deux, propre aux diasporas. Comment travailler une écriture qui s’ancre dans des voix multiples pour restituer le trouble derrière un Je ?

 

Belge d’origine vietnamienne, Mélanie Cao hérite d’une langue hybride, fruit du vietnamien transmis en bande son, mêlé aux longueurs de sa ville belge natale. Elle grandit au fil des récits paternels d’un Vietnam en guerre, et se découvre une double culture qui la bouscule et l’interroge très tôt, à l’endroit de ses (il)légitimités. C’est que devenir fille ne se fait pas sans remous. Elle étudie lors d'un master de recherche, les arts du spectacle à l’ULg, la Sorbonne-Nouvelle et Nanterre et se passionne pour le stylisme, fascinée par ce que ça subvertit des corps et du genre. Elle travaille ensuite plusieurs années dans le champ de l’éducation populaire et féministe dont elle garde la visée critique et collective augmentée de l'antiracisme qui lui avait manqué. Après un second master en études de genre, son cœur balance entre milieux artistiques qui ont le sens de la mise en scène et cercles militants, qui démontrent un penchant pour le drame. Basée à Bruxelles où elle vit et travaille, elle s'intéresse aujourd'hui aux voix minoritaires et en particulier asioféministes sous un angle féministe, antiraciste et décolonial à travers diverses formes d’écritures et créations sonores avec le projet Asiofeminism Now !

 

Mélanie Cao est invitée en résidence d’écriture dans le cadre de l’appel lancé avec la ville de Bruxelles et Et cætera : « Bruxelles’écrit » : Bruxelles et ses diasporas.