La Bellone

RÉSIDENCE / ÉCRITURE

Iphigénie à Kos

31/05 > 12/06/2021

Un ancien mythe grec raconte qu’il fallait sacrifier la jeune Iphigénie à Aulis, pour que les bateaux partent pour la guerre de Troie. Mais pourquoi fallait-il sacrifier Aulis? Là où Euripides a placé le décor de sa tragédie, aujourd’hui le promeneur à Aulis trouve les restes d’une ancienne carrière, une usine à produire du béton, une usine de traitement de déchets chimiques, un chantier de construction naval. Un concentré des pratiques extractivistes de la terre, une mer lasse et polluée.  

Tant que cela maintient le cauchemar, TINA aime bien caresser notre mythomanie comme des cheveux d’ange. Chaque jour, elle promet un jour d’après qui serait l’immonde en pire. Tout annonce qu’il n’y a pas d’alternative, que même les alternatives existantes seront toujours avortées et les corps qui les auront porté abîmés. Nos maternités, ces créations des possibles, qu’on les appelle artistiques, scientifiques, amoureuses, peu importe leur alphabête, elles semblent biaisées, fatiguées, épuisées. On remue les berceaux, on repasse la serpillière, et bien avant la fin de la journée on se dit : à quoi bon ? A quoi encore ? Quels sacrifices, pour quelles vies ? 

 

« Iphigénie à Kos » ruisselle entre le documentaire et le mythe. Comment habiter des ruines et jardiner des espérances ? Que peut une scène ?

 

Maria Kakogianni est née à Athènes en 1978, elle vit et travaille en France depuis une vingtaine d’années.

Écrivaine, mais aussi philosophe de formation, dans sa pratique d’enseignement, elle propose des ateliers et des séminaires dans différentes universités, des institutions artistiques, mais aussi des tiers-lieux. Cette circulation entre différents lieux s’accompagne d’une expérimentation des formes de transmission. Comment transmettre ? Comment écrire ? Dans quelle écologie des pratiques et plasticité des formes ?

En 2012, elle publie son premier ouvrage, issu de sa thèse de doctorat de philosophie : De la victimisation (L’Harmattan). Plutôt que de rendre lisible la domination du genre dans les textes classiques de l’antiquité grecque, le livre se propose comme une expérimentation de ce que pourrait être un « acte de lecture ».

 

En 2017, suite à l’invitation de Camille Louis, elle rejoint le collectif interdisciplinaire kompost. De la création radiophonique à l’installation plastique ou la mise en place de conversations sténographiées et expérimentales, kompost propose des dispositifs in situ prenant multiples formats. Elle participe à des nombreuses créations signées par le collectif, tout en développant d’autres collaborations avec ses membres, notamment avec Camille Louis et Laurie Bellanca.

Dans son travail d’écriture, parmi ses publications, on retrouve Printemps précaires de peuples (éditions Divergences, 2017) et Ivre décor (Hippocampe éditions, 2020). « Iphigénie à Kos » est son premier projet d’écriture qui concerne directement la scène. En 2020-2021, il fera l’objet de deux résidences d’écriture, une à La Bellone et une autre à La Maison des langues à Aubervilliers, ensemble avec Laurie Bellanca.