La Bellone

RÉSIDENCE / CRÉATION

halaqat

24/10 > 11/11/2022
Visuel © Boris Bruegel

Les résidences Halaqat : rencontre autour des arts de la scène avec d´Europe et du monde arabe.

Durant six semaines, le Goethe-Institut Brüssel, Bozar-Palais des Beaux-Arts à Bruxelles et la curatrice et dramaturge Nedjma Hadj Benchelabi ont mis en place en collaboration avec La Bellone, le Théâtre Marni et en partenariat avec Studio 8 en Jordanie un programme de résidences en arts de la scène adressé à des artistes du monde arabe. Ces résidences sont organisées dans le cadre du projet Halaqat, mis en place par le Goethe-Institut Brüssel et Bozar et cofinancé par la Commission Européenne.

Halaqat explore les liens culturels existants entre le monde arabe et l´Europe. Halaqat propose un voyage contemporain dans les imaginaires artistiques partagés par le monde arabe et l'Europe et se concentre sur la diversité et la richesse des collaborations culturelles d'aujourd'hui pour les soutenir et les renforcer à l'avenir.  Le projet vise à faire se rencontrer des artistes émergents de tous ces pays, à leur donner de l´espace, du temps et de l´appui de professionnels pour qu´ils puissent travailler sur leurs projets.

Le programme en arts de la scène s´adresse en particulier à des artistes ayant des projets en phase de recherche, qui s´inscrivent dans le thème « Politique de l´espace et des corps », cadre pour développer des imaginaires au-delà des  limitations et contraintes géopolitiques et sociétales.. La notion de corps, à son tour, est liée aux questions de genre, de pouvoir, de grammaire du mouvement et des modes de traduction scéniques. Pouvons-nous continuer à collaborer  et comment est-il possible d’avoir des échanges de pratiques dans cette période cette période complexe de pandémie, de mobilité restreinte par divers mesures, et d’un élan d’invention de pratiques en lien avec le monde, le vivant en général.

Lors d’un jury présidé par la curatrice Nedjma Hadj Benchelabi et composé des partenaires du projet (Théâtre Marni et La Bellone en Belgique, Studio 8 en Jordanie), six porteurs de projet ont été sélectionnés à l’issue d’un appel à projets publié en ligne.

Deux solos :  Eman Hussein (Le Caire) et Marah Haj Hussein (Kfar Yasif/Anvers) seront accueillis à La Bellone du 4 au 16 juillet 2022.

Un solo d’Alaa Minawi (Beyrouth/Amsterdam) et trois duos composés de Nasrine Kheltent et Abdellah M.Hassak (Bruxelles/Casablanca), Mayar Alexane et Louise Nora Hoekstra (Damas/Amsterdam) et Rym Hayouni et Oussema Gaidi (Tunis) seront invités au Théâtre Marni du 16 août au 3 septembre.

La résidence de six semaines étant répartie sur deux périodes, l´ensemble des artistes reviendra à Bruxelles dans ces mêmes lieux pour du 24 octobre au 10 novembre 2022.

Les 9 artistes sont concepteurs, chorégraphes et également performers au sein de leurs créations. La dramaturge Nedjma Hadj Benchelabi les accompagnera dans leur création en associant des mentors choisis en fonction des projets développés. Des échanges entre les artistes sélectionnés sont également prévus. Les "works in progress” seront présentés lors d'un événement public organisé le 9 novembre 2022 au Théâtre Marni.

Voici une présentation des artistes et de leurs projets retenus à La Bellone  et de la curatrice:

Eman Hussein

Née en 1994, Eman Hussein est danseuse, chorégraphe et réalisatrice de films de danse indépendante basée au Caire. Elle a étudié la danse, le street art, le théâtre et les arts martiaux. Ses œuvres mêlent les mouvements quotidiens des ouvriers et la danse contemporaine, entre autres arts. Son inspiration principale est de travailler avec des individus en dehors des institutions artistiques. Elle collabore avec des artisans et des ouvriers et vit avec eux pour apprendre leurs mouvements dans leurs ateliers. Ses films de danse combinent des aspects de l'espace public et des mouvements de danse contemporaine. Ils ont été montrés et primés au niveau international.

Son projet :

 "Mémoire corporelle" et "mémoire de travail" dans le contexte de l'espace - le travail avec le corps va au-delà de l'idée de douleur et de sueur dans le travail physique. Les ouvriers du bâtiment ne sont pas assurés pour leur corps lorsqu'ils travaillent. (...) Dans ce solo, elle se concentrera sur les mouvements répétitifs comme ceux des ouvriers du bâtiment et, à partir de là, les associera aux mouvements de la danse contemporaine. Elle se concentrera également sur le mouvement d'équilibre en se tenant debout sur des outils instables.

Le point de départ de la danse sera le mouvement de l'ouvrier de bâtiment et le rythme de la musique tiré du son du chantier de construction, comme celui du marteau, des machines de construction, des blocs de pierres, etc.

Marah Haj Hussein

Marah Haj est une danseuse et chorégraphe palestinienne de 23 ans originaire de Kofor Yassif - Palestine occupée. Elle a été diplômée du Conservatoire Royal d'Anvers où elle a obtenu son baccalauréat en danse et maintenant elle fait ses études de maîtrise en art dramatique à l'université KASK à Gand, Belgique. À 18 ans, elle a dansé avec la Rimaz Dance Company - dirigée par Rabeah Morkus - où elle a participé à des spectacles soufis, à des représentations avec des groupes de musique palestiniens locaux, etc. Lorsqu'elle s'est inscrite au programme de danse international Vertigo à Jérusalem en 2016, elle a lentement réalisé qu'elle ne voulait pas prendre part à la scène de danse israélienne et a décidé de partir étudier en Europe. Après avoir fait des recherches sur la langue arabe lors de sa dernière année de licence de danse, Marah a décidé de commencer un master en théâtre cette année. Elle s'intéresse principalement à l'exploration de différentes manières d'utiliser le texte sur scène, tout en s'interrogeant sur la différence entre la création théâtrale et la chorégraphie.

Son projet :

Nageant entre l'arabe, l'anglais, l'hébreu et le néerlandais, elle interroge la place de la langue maternelle dans les pratiques artistiques qui évoluent dans un environnement où personne ne la parle. Quel est le lien entre la langue maternelle et l´identité ?

Elle cherche à créer un dialogue d'une langue commune entre le performeur et le spectateur. Cette langue commune serait l'arabe, où le spectateur a la liberté d'interpréter ce qui est présenté selon sa propre imagination. Comme le sens n'est pas donné, le spectateur doit trouver des moyens non directs de comprendre ce qui n'est pas directement compréhensible. En utilisant la richesse des lettres et la musicalité de cette langue étrangère et en la traduisant en mouvements dynamiques du CORPS, elle donne la possibilité d'écouter l'arabe différemment, d'une manière qui va au-delà des premières impressions qui se construisent automatiquement entre nous et ce qui nous est "étranger". Le personnage mobile sur scène serait le lien entre le public et l'enregistrement  (paysages sonores, enregistrements audio, …) - transportant le son dans l'espace et le traduisant en gestes physiques. Cette proposition remet en question le concept de pouvoir. Son objectif est de remplacer toutes sortes de stéréotypes et d'associations superficielles par la curiosité et l'écoute.

Au Marni :
Alaa Minawi "2048 - Identités en dissolution"
Rym Hayouni et Oussema Gaidi "Frame of resonance"
Nasrine Kheltent et Abdellah M.Hassak "Roque"
Mayar Alexane, Hoor Malas et Mora Louise Hoekstra

 

Nedjma Hadj Benchelabi

Née à Alger, Nedjma Hadj vit et travaille à Bruxelles. Membre de la compagnie de théâtre bruxelloise Dito'Dito, Elle a collaboré au projet  artistique du Théâtre de la ville de Bruxelles, le KVS. Dès  2009, elle est programmatrice aux halles de Schaerbeek et, dès lors contribue activement à une visibilité et un soutien aux artistes contemporains du monde arabe. Elle est programmatrice de la saison artistique contemporaine marocaine en Belgique en 2012, intitulé ‘Daba Maroc’. Depuis 2014, Elle est  programmatrice au festival international de danse contemporaine de Marrakech, On Marche. Et également associée au D-CAF, Festival multidisciplinaire au Caire pour le ‘Arab Art Focus (2016-2018), et Curatrice au festival multidisciplinaire, Tashweesh avec le Goethe Institut au Caire, et au Beurschouwburg à Bruxelles.  Récemment, Curatrice et dramaturge du projet Halaqat et Un-Controlled Gestureinitié par le Goethe Institut.

En parallèle à cette pratique curatoriale, elle accompagne en dramaturgie des projets artistiques en arts de la scène, et continue à documenter et publier sur ce domaine en tant que dramaturge et programmatrice en danse contemporaine.