La Bellone

RÉSIDENCE / CRÉATION

Le Cercle (Ce que l’argent fait à la pensée)

14/11 > 3/12/2022

Dès qu'on parle d'héritage, le discours est dépolitisé, vidé de tout contenu social, et ramené à des dynamiques individuelles : effort, mérite, famille. Les temporalités sur lesquelles il joue sont difficiles à percevoir, puisqu'elles dépassent par définition la durée d'une vie. Ce qu'il crée, chez les héritières, ce n'est pas seulement un capital économique, social et culturel, c'est la possibilité d'une vie pleinement vécue, déterminée par des choix plutôt que par des contraintes, avec comme objectif le bonheur et non la survie. 

Nous constatons souvent, lors de discussions avec des proches aux sensibilités politiques similaires aux nôtres, que la question de l'héritage est hors-limites pour celleux qui en ont reçu ou qui en attendent un, et s'impose comme un tabou dans la discussion, qu'on ne peut ni bousculer, ni analyser, ni même simplement interroger. Dès qu'il s'agit de parler de montants précis, de propriété, de redistribution solidaire, les bouches se ferment. Et la question est remise à plus tard — à quand ?

Avec Le Cercle, Joana B Polge et Céline Estenne créent à la Bellone un espace pour repolitiser la question de l’héritage.

 

Joana B Polge et Céline Estenne se sont rencontrées en 2005 dans un établissement éducatif parisien dont la vocation principale était la reproduction de la domination culturelle. Après un premier projet mené de concert, Un coup de poing dans la gueule vaut mieux quun long discours, elle fonde « sauce RICHE », projet interdisciplinaire sur les privilèges.

line Estenne est née le 2 octobre 1986, soit 159 jours après l'explosion nucléaire de Tchernobyl. Mais bon, ça va.

Elle a dabord grandi dans une famille bourgeoise de Bruxelles, puis suivi une formation littéraire à Paris, Montréal et Bruxelles ; puis étudié lart dramatique au Conservatoire de Mons-Arts² (classe de Frédéric Dussenne). Cest un peu résumé.

Depuis son diplôme elle a collaboré, comme comédienne, dramaturge, autrice, assistante à la mise en scène ou performeuse avec, entre autres, Michaël Delaunoy (La jeune fille folle de son âme, Fernand Crommelynck), Anne-Cécile Vandalem (Que puis-je faire pour vous ?), Dominique Roodthooft (Thinker's corner), Anna Rispoli (Your Word in My Mouth ; A Certain Value) et Lorette Moreau (Cataclop enzovoorts ; ({:}) imprononçable).

Par ailleurs, elle mène un cycle de recherche sur la question du travail intitulé Travail-passion dont le premier volet, On avait de bonnes dents a été créé en novembre 2018 à Arrêt 59 avec des habitant·e·s de Péruwelz.

Ses multiples casquettes lui font dire, parfois, pour résumer, quelle est « dans le théâtre », ce qui est une sorte descroquerie puisque son travail consiste précisément à sortir le théâtre du théâtre, à travers des projets site specific, pour lespace public, ou en faisant des spectacles avec des groupes non professionnels

Elle a porté puis abandonné un projet de performance intitulé Mais, le voisin a taillé dans la haie?! 

De 2020 à 2022, elle a mené une recherche à LL sur la question « Cest quoi être sale / Cest quoi la crasse ».

En 2022, elle lance un nouveau projet secret, mais galère un peu à trouver le titre. Elle nest pas encore en mesure de résumer ce quelle a fait ensuite.

 

 Joana B Polge est née en 1986 en Auvergne. Depuis, elle utilise son corps pour combattre le capitalisme hétéropatriarcal.

Diplômée de lINSAS en section Théâtre en 2013, elle a présenté en 2014 sa première création au Théâtre de Poche : CRAWL LIKE A BUG, spectacle parmi les plus lents de lhistoire du théâtre. Cette pièce nayant pas eu le succès espéré, elle a ensuite travaillé de 2014 à 2016 comme serveuse à lAthénée (Ixelles) afin de verser un loyer mensuel à des retraité·es multipropriétaires.

Elle a été résidente-chercheuse à LL Recherche de 2015 à 2020, sur le thème « La sensation du passage du temps pendant une représentation théâtrale ». Elle écrit actuellement son premier roman, qui paraîtra en 2023 à LL Éditions : La mémoire du terrain.

Depuis 2020, elle est collaboratrice artistique du projet bodies of knowledge (BOK), initié par Sarah Vanhee, qui investit lespace public pour mettre en réseau les savoirs et les voix invisibilisé·es de lespace urbain. 

Elle joue régulièrement dans les spectacles de ses ami·es : Silvio Palomo (La Colonie ; Origine ; Abri), Éline Schumacher (La ville des zizis), Nicolas Mouzet-Tagawa (Chambarde ; Le Site), Transquinquennal (Quarante-et-un ; Moby Dick ; Quintessence), Salvatore Calcagno (Gnocchi ; La Vecchia Vacca), Sabine Durand (thchen de Heilbronn). Elle a aussi marché en fractales dans un spectacle de Clément Thirion (Fractal).

Dès quelle le peut, elle sinvestit dans les espaces-temps queer et militants où elle trouve des outils pour survivre encore un peu, et où elle invente et facilite des situations de rencontre basées sur le soin et le soutien mutuel.