La Bellone

RÉSIDENCE / COMPLICES

White noise (Working Title)

17 > 28/02/2025

Ce projet ouvre un champ de questionnement autour et avec l’écoute, pour y déplier ce qui se perd aux différentes étapes de ce processus.  

Comment, malgré ses angles morts, l’écoute active nous permet-elle de continuer à nous engager dans le monde politique et de nous mettre en action face aux stimulations omniprésentes de nos vies quotidiennes ? 

En plongeant, dans un premier temps, dans la réalité physique de notre perception, je souhaite étudier les processus physiologiques convoqués par l’audition et comprendre comment nos réalités émotionnelles sont liées aux perturbations ou apaisements sonores. Dans cette quête de ce qui fait stimulation, je souhaite ainsi me pencher plus en profondeur dans l’étude des spectres sonores tels que les white, pink, brown et purple noise* et des différents affects que ces structures acoustiques produisent à leur écoute.

A travers cette imprégnation dans le « noise », c’est notre rapport intime de friction et / ou d’indifférence avec les structures opérantes des sociétés occidentalo-centrées qu’il m’intéresse de réfléchir. Le « bruit » dont il est question ici peut, en effet, constituer un tampon entre nous-mêmes et le réel, un filtre imperceptible. En creux, la potentielle utilisation des phénomènes acoustiques comme technologies de masse pour détourner notre attention et orienter nos regards me questionne. Comment, alors, s'y reconfronter ?

En restant sur un fil, à l’équilibre entre les capacités de stabilisateur émotionnel et de brouillard saturateur du white noise, je souhaite ainsi me mettre au contact des enjeux intimes et micropolitiques traversés par les individu·x·s dans des contextes de déconstruction ; des différentes narrations que l’on entretient avec son/ses engagement·s politique·s ; ainsi que notre capacité à nous sensibiliser (ou non) à la réalité des autres et au récit de la violence.

* Les spectres sonores sont des textures acoustiques où toutes les fréquences sonores sont mises à niveau et où aucun univers sonore n’est discernable. Ils sont notamment utilisés pour détendre les personnes les écoutant, car la couche sonore ajoutée permet de lisser les écarts de volumes perçus – le cerveau est ainsi moins stimulé.

 

 

 

Antoine Dupuy Larbre est dramaturge, chorégraphe et performeur vivant et travaillant entre Paris et Bruxelles. Après avoir étudié la danse contemporaine à P.A.R.T.S. (Bruxelles), il plonge dans la dramaturgie auprès de plusieurs artistes et accompagne, en 2024, le travail chorégraphique de Mooni Van Tichel, Urté Groblyté, Zoé Lakhnati, Elsa Tagawa, Andrea Givanovitch, la pratique photographique de Jana Van Brussel et la mise en scène d'un opéra avec Anaïs de Courson. Il gravite également autour de plusieurs collectifs (Festival de l’Arbre Bavard, leprojetgéo) et est formé à la fasciathérapie. Également à la tête de ses propres projets, son travail articule la notion politique de l'écoute et la capacité à se mettre en résistance face aux monopoles de la violence. Il met en scène et chorégraphie #BACKTONATURE (2024), Working Dance (2023), et travaille actuellement sur White Noise, sa prochaine création de plateau prévue à l’horizon 2027, ainsi qu’un projet de recherche sur la dramaturgie dé-post-anti-coloniale, en tandem avec Castélie Yalombo Lilonge.