La Bellone

ONE TO ONE

Joana B Polge & Céline Estenne & Myriam Bahaffou

17/11/2022
12:30 > 14:00


Lors de leur résidence à la Bellone pour Le Cercle (ce que l'argent fait à la pensée), Céline et Joana explorent la question de l'héritage à partir d'un point de vue qu'elles connaissent : celui des héritier·es. 

 

Elles invitent Myriam Bahaffou à discuter avec elles d'un autre type d'héritage, non matériel celui-ci : l'héritage de la pauvreté. 

 

"La pauvreté m’a permis d’une part de comprendre le monde comme un tissu d’aides et de mobilisations collectives, et, d’autre part, de détecter qui sont les plus fragilisé·es du système, les éclopé·es, les laissé·es-pour-compte. Les foules qui se précipitent dans les supermarchés le jour des soldes, les femmes qui fondaient en larmes dans les bras de ma mère en évoquant leur mari violent, les bidonvilles qui côtoyaient nos routes, l’alcool que mon père cachait dans la maison. [...] Les écoféminismes naissent de la pauvreté, car ils existent dans des espaces de contestation du néolibéralisme, du colonialisme, du patriarcat, et de la violence qu’ils perpétuent sur les corps. Des corps qui ne peuvent pourvoir à leurs besoins, qui crèvent la dalle en fin de mois, qui dépendent d’aides ridicules, qui ne sont pas valides, productivistes, qui chourent, trafiquent, inventent mille manières de survivre, et qui créent donc des cultures alternatives issues de ces bricolages. Enfin, des corps qui ont intériorisé la honte comme composante essentielle de leur identité."

 

Extrait de Des Paillettes sur le compost. Écoféminismes au quotidien, de Myriam Bahaffou.



Myriam Bahaffou est une meuf cis de 27 ans, d’origine nord-africaine, qui navigue entre les mondes queers, TDS, écoféministes, et qui est embarquée dans une thèse depuis trois ans sans trop savoir quoi en faire. Elle aime articuler des concepts bizarres entre eux, comme carnosexisme, véganisme et décolonisation. Plus que des concepts, elle sent qu’ils ont prise dans sa chair, et c’est à partir de là qu’elle parle d’écologie. Elle vient d’une classe pauvre, adore le luxe, et essaie de négocier avec elle-même tout le temps à ce sujet. Son premier livre, Des Paillettes sur le compost. Ecoféminismes au quotidien, est une immersion écoféministe où elle joue l’équilibriste entre le personnel  et le politique, sans rien céder des enjeux chers à ses luttes, comme la  justice animaliste, de classe, spirituelle ou décoloniale.