La Bellone

SÉMINAIRE

Module dramaturgique avec Marion Boudier

26/02 > 1/03/2024
10:00 > 17:00


Objectifs spécifiques des séminaires

Plus qu'à une histoire ou à une théorisation de la dramaturgie, les participant.es sont ici invité.es à saisir, cerner et pratiquer la dramaturgie en s'essayant à la fois à dresser une cartographie des pratiques dramaturgiques et à pouvoir s'y situer. Il s'agit ainsi non pas de définir une pratique qui, en tant que telle, sort du cadre définitionnel puisqu'elle n'a pas de « fins » et de contours fixes et figés – ceux-ci bougent selon les modalités d'activation dramaturgique (au plateau, en institution, dans la conception de dispositifs divers...)  – mais plutôt de proposer une méthode de double singularisation : singulariser ce qui fait, aujourd'hui, le paysage dramaturgique et ainsi voir apparaître, pour chacun.e, ce qui singularise sa propre méthode de faire. À partir de là s'entame un chemin d'étude situé, le long duquel le/la participant.e peut davantage reconnaître la spécificité de sa méthode, de ses outils mais aussi, par-là, expérimenter d'autres manières d'en faire usage ou de les affiner en regard des spécificités des autres.

 

Les séminaires : 4 correspondants à des activations de la dramaturgie aujourd’hui.

 

Orientation : partage de savoir et mise en expérimentation. Partir d’une problématique à laquelle le ou la praticienne invité·e fait face et ouvrir cette recherche ou réflexion plutôt que de faire une présentation d’un savoir. Mise au travail et mise en partage plutôt que d’une formation académique.

 

Chaque séminaire, étendu sur une semaine implique :

 

-L'intervention d'un·e praticien·e dramaturge, choisi·e et invité·e en ce qu'il, elle active l'une des modalités spécifiques de cette activité et peut ainsi en dresser les enjeux singuliers auprès des participant·es.

 

-Il s'agit aussi, pour chaque intervenant·e, de pouvoir mettre en partage des outils, des protocoles de recherche et d'écriture ou encore de proposer des situations permettant l'application de ce type-là de dramaturgie.

Chaque module incarne ainsi, à l'échelle concentrée d'une semaine, l'esprit général et transversal du programme « Pratiques dramaturgiques » : une circularité entre exposé et pratiques, entre parole de l'un·e et ressaisie collective, partagée de questionnements et expérimentations. Il s'agit de se mettre, au sein d'un espace de recherche et création artistique, en état « d'étude », c'est-à-dire d'alliance entre « enquête » et « application » (cf. étymologie du mot).

 

Les modules seront donc toujours structurés en au moins deux temps : un temps « à la table » dans lequel le groupe est rassemblé pour se mettre à l'écoute et à la discussion d'une question, d'une problématique ; un temps d'expérimentation qui peut conduire les participant·es à un travail propre d'écriture, à une fréquentation d'une réalisation de plateau ou encore à la visite d'un autre lieu artistique ou un autre contexte selon le type de « dramaturge » qui intervient sur chaque module.

 

Deuxième module avec Marion Boudier du 26 février au 1ier mars

 

À partir de mon compagnonnage avec l’auteur-metteur en scène Joël Pommerat, j’ai proposé la notion de « dramaturgie prospective » pour décrire une forme d’accompagnement des écritures dites « de plateau », c’est-à-dire qui partent de la scène et non du livre. Dans ma pratique, la recherche documentaire et la « documentation au plateau » constituent une part importante de cette dramaturgie de l’oeuvre à venir. Pour certains spectacles ou à certains moments du processus de création, le document peut être un déclencheur qui permet d’entrer en écriture et de nourrir les imaginaires de l’équipe artistique au plateau. Qu’il soit un combustible à partir duquel auteur.rice, metteur.e en scène et comédien.nes vont développer leurs écritures ou un objet testimonial présent et visible dans l’oeuvre, nous interrogerons les deux facettes du document, du latin documentum, informer : ce qui instruit, enseigne, et ce qui donne une forme.

 

Il s’agira de déplier les modalités de jeu, de répétition et d’écriture que cette matière documentaire induit ou nécessite (restitution brute, appropriation, réécriture, improvisation...), en prenant acte d’une certaine agentivité du matériau, qui est transformé par le travail théâtral mais qui en modifie également les techniques et le déroulement. À travers une série de propositions d’expérimentation et d’études de cas, les participant.es seront donc invité.es à explorer différentes façons de travailler avec le document et à se positionner par rapport à leurs propres usages de sources documentaires comme matériaux de création. Ce parcours sera l’occasion de réfléchir aux différentes manières dont peuvent s’articuler la recherche documentaire (en tant que forme d’enquête) et l’art documentaire (en tant que création artistique fondée et nourrie par des documents), et aux épistémologies et méthodologies qu’elles engagent. Nous nous demanderons notamment comment constituer une documentation pour la création ; pourquoi tel document, image ou archive ; comment mettre cette documentation en partage ; comment se l’approprier et la transformer ; comment incorporer les informations et connaissances qu’elle contient ; faut-il y rester « fidèle » ; quels rapports empathiques ou critiques génère le document ? Comment développer un langage personnel avec des sources documentaires ; comment prendre en compte leurs potentialités esthétiques et plastiques... Bref, que faisons-nous du document et que nous fait-il ?!

 

 

Marion Boudier est dramaturge et maîtresse de conférences en études théâtrales à l’Université de Picardie Jules Verne (Amiens). Elle travaille avec la Compagnie Louis-Brouillard / Joël Pommerat pour des créations au théâtre et à l’opéra (Une année sans été, Ça ira (1) Fin de Louis, Pinocchio, L’Inondation, Contes et légendes). Elle a également collaboré avec Eve-Chems de Brouwer, Julien Brun et Bernard Stiegler, Gérard Potier, Guillermo Pisani. Ses travaux portent sur les écritures textuelles et scéniques contemporaines, sur la dramaturgie, les processus de création, et les liens entre art, pédagogie et recherche. Membre de l'Institut Universitaire de France depuis 2021, elle développe actuellement ses recherches autour des processus de création documentés/documentaires en s’intéressant plus particulièrement aux usages du document par les interprètes à travers le projet ADOC. Avec Chloé Déchery, elle co-dirige le programme Performer Les Savoirs et a publié l’ouvrage Artiste-Chercheur.e, Chercheur.e-Artiste (presses du réel, 2022). Elle a co-écrit le lexique De quoi la dramaturgie est-elle le nom ? (L’Harmattan, 2014) avec le collectif de la revue Agôn. Elle est l’auteure de deux ouvrages consacrés à Joël Pommerat parus aux éditions Actes Sud (2015 et 2019 – Prix du Syndicat de la critique, Meilleur livre sur le théâtre).

 

Sur candidatures