La Bellone

STILL TOO SAD TO TELL YOU

14 > 30/04/2016
Visuel © Phile Deprez


La sensibilité est une pratique de société qui a ses règles et les larmes en sont peut-être le plus beau témoignage. Elles dessinent des circulations et établissent une relation. Ainsi, si certaines cultures appellent l’usage démonstratif des larmes et permettent la reconnaissance d’une communauté par la profusion que l’événement suscite, une autre époque ou un autre contexte pourra tout aussi bien décider de donner du crédit aux larmes si elles sont contenues publiquement et réservées à l’espace intime.

Dans Still too sad to tell you, une dizaine d’écrans vous invitent à une expérience intime où les larmes, en s’exposant, forment autant d’incitations à les recueillir. Les visages se font scènes et paysages selon que les regards se brouillent, qu’une larme perle, que l’on fonde en larmes ou en sanglots, que l’on en verse un flot ou un torrent, qu’on les essuie ou les partage, en silence, par petits hoquets, soupirs profonds, cris stridents, courts ou longs, entrecoupés de mots, entiers ou partiels, que l’on étouffe ou qu’on se noie...

Still too sad to tell you est directement inspiré de I am too sad to tell you (auto-portrait vidéo de l'artiste Bas Jan Ader). Tout en lui rendant hommage, Anne-Cécile Vandalem reprend son motif, presque cinq décennies plus tard, pour mieux déplacer le regard et démultiplier les angles d’approches. Elle nous propose une installation immersive constituée de plusieurs portraits - inconnus ou connus, femmes, hommes, enfants, comédiens et non comédiens, - autant de visages offerts et de larmes versées - pour interroger la dimension anthropologique (temporelle, sociétale, culturelle) et plastique de ce sujet, le plaisir des larmes et leur représentation.

Still too sad to tell you est le contre-point de Tristesses, à découvrir au Théâtre National du 19 au 23 avril.

Comédienne, autrice et metteur en scène Anne-Cécile Vandalem développe au sein de Das Fräulein (Kompanie) un travail singulier de création artistique contemporaine. Elle est à l’origine de l’écriture, de la mise en scène et de la conception artistique et scénographique (en collaboration avec différents scénographes) de l’ensemble de ses projets. Elle est par ailleurs interprète d’une majeure partie de ceux-ci.

Anne-Cécile Vandalem a débuté en tant que comédienne auprès de metteurs en scène et collectifs théâtraux tels que Charlie Degotte, Dominique Roodthooft et la Cie Transquinquennal. En 2003, elle décide de se lancer elle-même dans l’écriture et la conception de spectacles théâtraux et crée avec Jean-Benoit Ugeux la compagnie Résidence Catherine. De cette compagnie seront issus les spectacles Zaï Zaï Zaï Zaï et Hansel et Gretel. En 2008 elle créé sa propre compagnie Das Fräulein(Kompanie) au sein de laquelle elle concevra, dans la lignée des précédentes créations, la Trilogie des parenthèses.

(Self) service, premier volet, est créé au Théâtre de Vidy-ETE (Lausanne), en décembre 2008. (Self) service est nominé pour le Prix de la meilleure création artistique et technique lors des « Prix de la critique ». Brigitte Dedry y reçoit par ailleurs pour son rôle le Prix d’interprétation.

En 2010, HABIT(U)ATION, deuxième volet de la Trilogie, est créé au Théâtre de Namur (Be). Le spectacle reçoit le Prix du meilleur spectacle et le Prix de la meilleure création artistique et technique lors des « Prix de la critique 2011 ». HABIT(U)ATION est programmé sur de nombreuses scènes belges et françaises au cours des deux saisons suivant sa création.

After the Walls (Utopia), dernier volet de la Trilogie, est créé au Théâtre National de la Communauté Francophone de Bruxelles (Be), dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts 2013 puis repris en tournée dans de nombreuses scènes au cours des saisons 2012-2013 et 2013-2014. Vincent Lécuyer reçoit le Prix du meilleur seul en scène lors des « Prix de la critique 2013 ».

Parrallèlement à la Trilogie des parenthèses, elle crée, en collaboration avec l’ingénieur du son Brice Cannavo, MICHEL DUPONT, réinventer le contraire du monde, un spectacle sonore pour adultes et adolescents. Ce projet au dispositif scénique minimaliste se positionne en contrepoint de l’ampleur de la Trilogie des parenthèses.

En 2014, Anne-Cécile Vandalem entame l’exploration des modalités de la posture et de l’imposture. Elle questionne la capacité d’action et de transformation du réel d’un sujet/individu au sein des différentes sphères sociétales et aborde la problématique du dévoilement et de la fragilité comme posture honnête et/ou stratégique au sein de son écriture.

Au cinéma, elle tourne avec notamment avec Anne Leclercq (le besoin pressant d’une occupation amoureuse quelconqueDissonance), Frédéric Forestier (les Parrains), Xavier Serron (Rien d’insoluble), Frédéric Fonteyne (Fattal Attraction, dans le cadre d’une exposition au Museum des sciences naturelles), Dominique Standaert (Formidable) et Karine Devillers (Les hommes de ma vie).