La Bellone

13 > 23/06/2016


L’artiste, l’écrivain·e, la/le critique, la/le chercheur·e, la/le dramaturge vient à La Bellone pendant 4 semaines se concentrer sur un projet d’écriture lié aux arts scéniques. Ce projet peut être littéraire, théorique, critique et évidemment à destination du plateau.

J'ai écrit J'accuse avec la ferme intention de plonger au cœur des préoccupations des femmes de ma génération. J'ai écrit J'accuse avec l'envie viscérale de parler du Québec de 2015. De prendre sa culture populaire à bras le corps. D'intégrer les expressions et références sociales, politiques et culturelles du Montréal de 2015 à ma dramaturgie pour en faire surgir un cri. Et, pour ce faire, je voulais tirer sur les ficelles de ce qui reliaient les individus à la ville, à la province, au pays qu'ils habitent. Aussi, je croyais que J'accuse ne trouverait pas nécessairement d'échos hors Québec. Or, en entendant les réactions du public belge lors d'une récente lecture au Rideau de Bruxelles, les liens évidents entre les cultures québécoises et belges ont jaillis. Et aussi, le constat qu'il y avait davantage «d'universel» que je ne le croyais dans J'accuse. Aussi, si le texte de J'accuse, dans son état actuel, peut être compris du public belge, le présenter tel quel en amoindrirait la force de frappe, puisque c'est tous ces liens d'appartenance qui seraient ainsi gommés. Je n'ai pas écrit qu'une pièce de théâtre en écrivant ce texte, mais j'ai fait un important travail d'excavation de la culture québécoise. Or, il me faut faire pareil avec la Belgique. Il faut que mes cinq personnages marchent et évoluent désormais dans les rues de Bruxelles. Il me faut, le temps de cette grande plongée au cœur de ce qui vous donne la force de tenir debout, devenir plus Belge que les Belges eux-mêmes.

Annick Lefebvre
Avant d'avoir terminé ses études en critique et dramaturgie, Annick Lefebvre avait  été stagiaire à la création d'Incendies de Wajdi Mouawad. Depuis sa sortie de l'UQÀM en 2004, l’auteure a semé plusieurs courts textes dans des événements collectifs dont 26 lettres: abécédaire des mots en perte de sens (Olivier Choinière, Ailleurs en Folie, Mons, 2015). En 2012, Annick a fondé Le Crachoir, compagnie qui questionne le rôle de l'auteur(e) au sein du processus de création, de production et de représentation d'une œuvre. Elle est entre autre l'auteure de Ce samedi il pleuvait (Marc Beaupré, Aux Écuries, Montréal, 2013), de La machine à révolte (Jean Boillot, Le Préau, Vire, 2015) et de J'accuse (Sylvain Bélanger, Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, Montréal, 2015). Le show du non-exil qu'elle a coécrit et qu'elle interprète avec Olivier Sylvestre, a été présenté au Festival du Jamais Lu (Montréal, 2015) et au Cocq'Arts (Bruxelles, 2015). Annick participe actuellement à la création d'Identités de l'artiste pluridisciplinaire Séverine Fontaine (Cie IKB, Lyon, France) et plonge dans l'écriture de ColoniséEs, son prochain projectile dramaturgique. Son théâtre est publié chez Dramaturges Éditeurs.