La Bellone

4 > 24/03/2019


L'artiste vient 3 semaines à La Bellone investir un questionnement lié à sa démarche, lié à son esthétique, à son parcours ou à une future création. Au cours de cette résidence, un format de rencontre appelé One to One sera 2 fois mis en place ; ces moments permettent à l'artiste de consulter/interroger un·e spécialiste et de partager son questionnement avec un public. Ces entretiens servent de cadre à la recherche de l'artiste.

Les scènes dominantes sur lesquelles devraient se concentrer nos regards ont ce pouvoir paradoxal de représenter la violence comme pour toujours mieux nous la dé-présenter. Elle est nommée, photographiée, filmée, cadrée, découpée, analysée, élucidée.
Ses protagonistes sont identifié·e·s, puis changé·e·s, puis retrouvé·e·s.
À la pluralité des commentateur·rice·s répondent une multiplicité de représentations ; à la démultiplication des auteur·rice·s et au changement des autorités répond une foule d'images et d'imageries qui s'empilent et s'ajoutent comme autant d'écrans à travers lesquels, au final, on ne voit plus rien. On nous fait voir mais on ne voit plus ; on nous présente mais on rend les mises en présences impossibles. La violence des « Uns contre les Autres » est partout et « nos violences » - celles que nous subissons et refoulons, celles que nous suscitons et refusons, celles que nous désirons et rejetons à la fois – n'apparaissent nulle part.

Pourtant ces violences marquent et nous marquent. Elles laissent des traces qui, si elles sont traumatiques quand elles sont simplement ensevelies sous les images et les dénégations, peuvent aussi devenir le tracé d'un autre espace depuis lequel nous rencontrer et composer d'autres rapports entre singularités différemment marquées.

Dans la perspective de la mise en scène d’un solo et avant d'anticiper une forme définitive, je tiens à passer par une forme de recherche dans laquelle s'allient et se nourrissent réciproquement observation externe et examen interne, topologie des violences et radioscopie de ma violence. Cela non de manière abstraite et purement théorique mais en prenant mon corps comme premier outil de recherche.

Pour « muscler » mes scénarios, je voudrais profiter de la résidence à La Bellone pour collecter un ensemble de « scènes de violence » : racontées par d'autres, vécues par moi, reçues depuis un media.

A partir de cette recherche et des possibles invariants que l’on retrouve dans les récits de violence, j’aimerais travailler à l’écriture d’une ou de plusieurs structure(s) narrative(s) archétypale(s) à incarner, qui puisse être jouées et dejouées, tordues et malmenées par l’expérience du plateau.

Léa Drouet est une metteuse en scène française. Elle est diplômée de l’Institut National Supérieur des Arts de la Scène de Bruxelles (I.N.S.A.S.) en section mise en scène. Elle est installée et travaille à Bruxelles depuis 2010.
Son travail prend différentes formes et circule entre l’installation, le théâtre et la performance. Elle fonde VAISSEAU en 2014, une structure de production qui tente de s’adapter aux différentes propositions, aux différents formats expérimentés et ceux encore à venir.
Malgré la diversité des formes proposées, on perçoit son intérêt constant pour certaines questions. Comment peut-on faire basculer des problématiques des sciences humaines dans le régime du sensible, du sonore, du corporel et de la matière ? Comment partager des expériences esthétiques qui traduisent différentes organisations relationnelles ?
Proche de la scène musicale expérimentale bruxelloise, elle collabore avec divers musiciens.
Elle s’entoure aussi d’artistes au croisement de plusieurs pratiques : acteur·rice·s-danseur·se·s-performeur·se·s-plasticien·ne·s-
musicien·ne·s.

0&, présenté au Festival XS du Théatre National se crée en collaboration avec Clément Vercelletto, rassemblant un ensemble de 20 performeur·se·s pour un concert de magnétophone cassettes. Plusieurs versions de cette choralité spatialisée seront déclinées par la suite à l’invitation du Kunstenfestivaldesarts dans la Gare de Bruxelles-Congrès (Derailment, 2015) ou au Palais de Tokyo pour l’événement Indiscipline (Tape ensemble, 2016).
Mais au lieu du péril croit aussi ce qui sauve est présenté au skatepark des Brigittines dans le cadre du lancement du Kunstenfestival en 2016. L’événement s’est construit en collaboration avec les utilisateurs du skatepark autour de la notion de prise de risque et de l’accident.
Il rassemble des entretiens avec trois jeunes skateurs autour de leurs blessures et de leur rapport au risque, et l’installation d’un cercle de feu dans lequel les skateurs tentaient des figures périlleuses en public.

Elle est invitée par Camille Louis (philosophe et dramaturge, membre du collectif kompost) à Athènes dans le cadre de la nuit de l’esthétique organisée par le Goethe Institut et l’Institut Français en mai 2017.
Elle travaille à cette occasion sur une installation performance sous forme de jeu libre intitulé Squiggle, une situation conversationnelle verbale et sculpturale dans l’espace public.

Elle a créé Boundary Games, pièce pour 6 performers en mai 2018 au Théatre Les Tanneurs dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts.
Cette forme scénique propose au public une expérience spatiale et sonore de composition et de décomposition des ensembles en faisant varier les situations liées aux organisations ou aux dynamiques des groupes.