La Bellone

1 > 19/10/2019
Visuel © (c) Geluid


L’artiste vient travailler 3 semaines à La Bellone pour explorer et développer les éventuelles matières de sa future œuvre. Un format de rencontre/atelier appelé Tender Sessions est mis en place au cours de la résidence. Cette session permettra aux artistes de bénéficier de la collaboration d’un groupe de 10 à 15 personnes ; celles-ci seront à leur service pendant 2 heures pour répondre à leurs besoins.

En septembre 2018 j’ai pu occuper les locaux du Q-O2 à Bruxelles pour développer une recherche sur le thème de la matérialité de la radio et de l’espace radiophonique. Durant cette résidence j’ai eu la possibilité de construire des outils pour révéler et percevoir l’inaudible. Ces outils ou antennes, se situent sur la frontière entre la science et l’occulte, ont été des portes d’accès pour la réflexion et la transcription du monde de l’invisible.

Le produit de cette recherche a été une performance/conférence dans laquelle des idées ont été partagées avec le public. On peut situer ces divagations de la pensée, sous une forme hybride, à mi-chemin entre le conte fantastique, une expérience scientifique, une histoire des idées autour du médium radiophonique et un passage progressif vers l’occulte. Un rite s’installe pour faire vivre une expérience inédite aux auditeur·rice·s entre hypnose, magie, sorcellerie, quitte à aller progressivement vers une forme de communion plus collective.

C’est dans cet espace, du rien, entre le lieu de diffusion et le lieu de réception que cette histoire se formule, prend forme ou se déforme. Un espace intangible dans lequel on peut y accéder par l’ouïe, un lieu d’écoute acousmatique, d’absence et d’effacement, une négation depuis laquelle quelque chose d’autre peut émerger par l’incitation de l’imagerie sonore. C’est un lieu, mais aussi un non lieu, un espace de localisation, mais aussi de de-localisation, car n’est contraint à aucune situation topographique ou architectonique et il est capable de créer sa propre temporalité. On se trouve ici dans un espace autre, une hétérotopie.

Cette aventure d’ubiquité nous permet de nous positionner en tous lieux et d’avoir le sentiment d’un voyage extra corporel. C’est la voix du speaker, qui va nous accompagner dans cette excursion désorientée dans les territoires spectraux. La forme se rapproche à l’idée de rituel, cet espace liminal entre un monde et un autre (comme l’est la radio d’ailleurs) où la compréhension rationnelle et la raison se déplacent dans des formes alternatives de perception, dans une nébuleuse à la périphérie de la pensée raisonnable. La magie se positionne ici comme une plateforme qui permet de percevoir l’invisible par le mouvement acousmatique des événements sonores.

Jonathan Frigeri