La Bellone

9 > 21/09/2019
Visuel © Thomas Jean Henri


L'artiste vient travailler 2 semaines à La Bellone au développement conceptuel de sa future création. Elle/Il vient interroger et circonscrire l'ambition esthétique de son projet avant d'entamer la production des matières nécessaires à sa création. L'artiste passera deux journées en dialogue avec une de nos dramaturges associées.

Seuil est une création inspirée de la composition du tableau La Chute d’Icare de Brueghel l'Ancien.
Ce tableau met en avant la vie qui suit son cours, le labeur et met en parallèle le rêve de voler et la chute.

Le labeur fait écho au métier de l’artisan, au savoir-faire, aux gestes de la main. Au premier plan du tableau l’homme dessine des sillons. Ils sont comme d’infimes lisières, comme des traces d’écriture et dessinent le paysage. Dans ces traces le parallèle peut se faire avec le tissage, le corps se fond avec l’outil, l’outil devient extension et relie le corps à la matière. De ces lignes naissent des espaces, des parcelles de terre, et tapissent le paysage en écho avec l’entrecroisement de la chaine et de la trame qui donnent une surface.

La chute, renvoie à l’envol. Elle est une forme de métamorphose, un devenir Homme-oiseau. Voler est alors un dépassement, une manière de franchir des seuils. Le mythe d’Icare serait alors « la première
ascension profane de l’histoire »1.
Le vol humain, devenir Homme-oiseau conduit par l’avancée mécanique, serait à l’origine de nos rêveries  ; alors, « le monde visible est fait pour illustrer la beauté du sommeil »².

De là l’origine des mythes, premières tentatives de voler. 

Mais lorsqu’en songe nous volons, nous quittons nos ailes matérielles, nos engins mécaniques, nous nous remplissons de l’air, de l’atmosphère qui nous entourent pour nous élever.

Notre planète permet la combinaison parfaite de la vie grâce à Hélios (l’astre solaire), à l’eau, la terre et ses profondeurs. La métaphysique du mélange dans le livre La vie des plantes d’E.Coccia est une invitation à repenser le vivant et la place primordiale de l’astre solaire. C’est par ce prisme que l’essentiel de cette recherche se fonde, on retrouve ce vers quoi tend Icare (l’espace, le soleil) et la composition du tableau qui n’est qu’un fragment mais qui reflète l’essentiel, une atmosphère faite de rythme, de vide, de plein, de permanent, d’impermanent, de mouvement, d’immobile.

Lors de la résidence de dramaturgie à La Bellone, l’envie est de se pencher sur l’idée des seuils et de l’équilibre. Le tableau amène à transposer ces questions en un triptyque composé de l’astre solaire Hélios, de l’envol ou la chute et du labeur. 

En collaboration avec le compositeur Thomas Jean Henri, le souhait est d’entrecroiser différentes formes sonores, textiles et corporelles travaillant sur une construction qui évolue et renvoie aux différents langages de l’image.

 1 L’envol D’Icare Jacques Lacarrière.

² L’air et le songes Gaston Bachelard.

Élise Peroi est une artiste textile diplômée de l’académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles en 2015. Elle a été invitée en Italie à la Fondazione Aurelio Petroni et y a développé des installations textiles qui retranscrivent la corrélation entre les éléments et les émotions que la vision d’un paysage peut susciter.

De 2016 à 2018, soutenue par les Halles de Schaerbeek, elle développe des performances textiles se nourrissant de la technique du tissage.
Elle collabore ainsi avec la danseuse et chorégraphe hongkongaise Mui Cheuk-yin, avec qui elle performe à Bruxelles et à Hong-Kong au Hong Kong Arts Centre.

En 2018 elle présente à Marrakech une recherche autour du sacré intitulée ÎLOT combinant la performance, ses créations, le texte et l’acoustique des objets.

Ce travail liant le corps et l’art contemporain l’a amené à collaborer avec le violoncelliste Roel Dieltiens et avec le compositeur Thomas Jean Henri et à présenter son travail en Belgique, en France et au Maroc.

Elle se voit octroyer la bourse de la TAMAT à Tournai Centre du Textile et des Arts Muraux en 2017 et est sélectionnée l’année suivante pour la résidence sur l’île de Comacina.

Cette année elle est sélectionnée pour la biennale WTS 10 organisé par 50°Norden parallèle, elle réalise une pièce monumentale et performe dans la pièce ATLA de Louise Vanneste présenté au Kunstenfestivaldesarts et à Paris aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis.