La Bellone

4 > 23/11/2019


L'artiste vient 3 semaines à La Bellone investir un questionnement lié à sa démarche, lié à son esthétique, à son parcours ou à une future création. Au cours de cette résidence, un format de rencontre appelé One to One sera 2 fois mis en place ; ces moments permettent à l'artiste de consulter/interroger un·e spécialiste et de partager son questionnement avec un public. Ces entretiens servent de cadre à la recherche de l'artiste.

Mise en scène d’une vengeance.
Une vengeance où ne figurent pas les cibles.
Une catharsis qui ne nécessite aucun personnage ni aucune situation d'énonciation.
Extirper les mots pour ne retenir de la parole que les souffles qui la précèdent que les remuements intérieurs desquels n’émergent plus les cris.
Seule une rumeur fredonnée parcourt maintenant les corps.
La colère a muté mais continue à contenir les corps.
Elle les a réchauffé et leur donne une densité nouvelle.
Ce vaste point de départ est l'objet de la résidence à La Bellone où débutera une nouvelle recherche chorégraphique.

Pour cette nouvelle enquête, je souhaite rencontrer des personnes qui ont fait l’expérience d’injustices pénales ou qui ont refusé la loi de l’Etat pour se rapprocher d’un autre type de justice ; celle qu’incarne, dans la mythologie grecque, la déesse Némésis. La justice de Némésis redistribue les biens et punit celles/ceux qui s’enorgueillissent de leur richesse.
Dans son système, on trouve l’idée d’une « juste vengeance ».
C’est celle-là que j’aimerais organiser. Offrir un espace pour sentir l'agitation kinésique d'une vengeance en préparation.

Quelles expériences pouvons-nous créer - avant le moment de représentation et en-dehors de lui - pour figurer et fabriquer notre juste vengeance, notre propre désastre ?

Que peut-on exorciser pour donner ensuite à percevoir les élans, les vibrations, les rythmes et les tonalités qui restent de ces expériences ?

Marion Sage.
A travers la recherche chorégraphique, l'écriture et l'enseignement, j'imagine mes projets actuels comme des enquêtes pouvant être restituées et partagées sous différents formats et dans des contextes variés. 

Mon ancrage dans le chorégraphique et la performance se fonde d'abord sur la découverte des outils de l'analyse du geste et de l'histoire du spectacle vivant à travers une formation en « études en danse »  à l'Université Paris 8 (en licence et en master), à la Freie Universität de Berlin et à l'Université de Lille (en doctorat). Ma thèse s'est concentrée sur l'exil français de danseuses et danseurs d'expression engagé·e·s
« à gauche » dans les années 20-30. Depuis plusieurs années, j'enseigne au département Danse et performance de l'Université de Lille ; l'espace des séminaires me permet de mettre en place des dispositifs où se répondent et se co-construisent les expérimentations corporelles, les réflexions sociales et philosophiques contemporaines et l'analyse critique.

En parallèle à mes propres recherches, je travaille avec d'autres chorégraphes/performers comme Danya Hammoud (en  accompagnement dramaturgique), Thibaud Le Maguer, Liaam Iman, Gabriel Beck (en tant que performer)... Avec l'artiste sonore Anne Lepère, nous réalisons des performances - live ou radio - et ateliers autour de récits croisant des mythologies et des recettes de cuisine.

A côté de la recherche universitaire, j'ai suivi la formation chorégraphique à l'Abbaye de Royaumont. A la suite de cette formation, le Vivat d'Armentières m'a accueilli pendant un an pour mener une recherche autour du geste de la voix (dans le cadre du dispositif « Pas-à-pas »  de la Drac Hauts de France). C'est dans le cadre de Happynest, plateforme de soutien à l'émergence artistique dans le domaine de la performance, sous la direction du collectif de théâtre Superamas, que j'ai commencé ma première pièce chorégraphique Grand tétras dont la première belge aura lieu en avril 2020 à la Raffinerie de Charleroi-Danse.

www.marionsage.net