La Bellone

Je ne suis pas là pour réchauffer vos idées

17 > 21/11/2025


Je ne suis pas là pour réchauffer vos idées, tel un plat surgelé passé au micro-ondes, servant ainsi de leçon de vie facile à consommer.
Je suis là pour créer, pour chercher comment vous faire explorer mes singularités, à travers cette deuxième semaine de résidence en solo à La Bellone. 

 

Ce projet est une résistance à cette charge mentale invisible : être artiste et en même temps être réduit·e à un argument « diversité » qui lave la porte de votre micro-ondes.
J'aspire, en ces lieux, à investir pleinement ma parole signée poétique, intime et politique, pour dire l’urgence d’exister hors normes, au-delà des clichés et des attentes. Je cherche à recréer l'espace de quelques instants, l'illusion d'un monde réinventé, où la norme c'est des Aydens.


Après une première semaine collective avec la compagnie MAPS, ce temps en solo sera pour moi un espace de liberté, loin des micro-ondes des idées toutes faites, pour faire voir une voix silencieuse et complexe.

 

Poète malgré soi ou à cause de tout ça, Ayden écrit comme on respire sous l’eau : à contre-courant, en apnée, avec un humour sarcastique et un second degré coupant, pour faire fondre les surfaces un peu trop polies par le privilège.
Scorpion ascendant Lion, Lune en Bélier, ça brûle, ça plonge, ça éclaire. Ayden cherche, bouscule, éclate les cadres et refait le monde en vers et contre tout.

Au départ, Ayden jamais ne s'est senti légitime de partager ses écrits. Rangés, carnets après carnets sur l'étagère, feuilles après feuilles oubliées dans le fond des corbeilles, frustré·e du privilège que toustes s'accordent à se rendre à n'importe quel stand-up, scène ouverte de slam ou atelier d'écriture. Iel observe le monde en filigrane et ses feuilles se remplissent, car ce dernier n'est pas fait pour ellui.
Pourtant, en regardant bien, en toute honnêteté, on dirait que rien ne l'empêche d’y aller. Ayden est d'apparence belleau, élégant·e, sûr·e, parent solo, sourd·e, non-binaire, et d’autres choses encore un peu moins sexy, mais il ne faudrait pas trop en dire, sous peine de vouloir se mettre la tête au micro-ondes. Préserver la fragilité entendante, hétéro, masculine, préserver encore et toujours. Ne pas trop paraître féroce. Avoir l’air d’une ancolie sous conditionnement et péter si doucement qu’Ayden frôle l’embolie.

On lae remercie rarement, Ayden, de faire le taf de médiation interculturelle, de traduire en souriant et avec beaucoup de bonne volonté, ce que personne n’a voulu apprendre, la langue des signes. On préfère souligner son effort de mansuétude, ce mot en costume qui cache la violence de la bien-pensance. Victime de bien-pensance mansuétude, à foison. Tant qu’iel arrondit les angles, ça passe. Tant qu’iel ne brûle pas, on applaudit. Tant qu’iel ne dit pas que c’est injuste, on l’invite. 

Mais au fond, Ayden est là pour une chose : écrire jusqu’à faire bouger les plaques tectoniques sur lesquelles le peuple est confortablement installé. Pas pour être juste la leçon de vie en sous-vêtements sexy d’un public qui ne veut pas trop réfléchir.
Poète malgré soi ou à cause de tout ça.

 

Dans le cadre des résidences d’écriture enfants admis, projet de la compagnie MAPS.

Soutenu par le Centre des Écritures dramatiques Wallonie-Bruxelles, la Chaufferie-Acte1,

le Bamp, la Maison Poème, la Bellone et par la Fédération Wallonie-Bruxelles